dimanche 30 mars 2008

Fin du momentum démocrate ?

Les démocrates n’ayant pu encore introniser leur candidat à la présidence, et avec un calendrier électoral prévoyant la prochaine consultation tardivement en Pennsylvanie le 22 avril, les primaires du Parti de l'âne s’enlisent. Elles se transforment en une lutte fratricide au sein du Parti. Pire, la victoire de novembre quasi acquise au début de la campagne s’éloigne à la lecture des derniers sondages qui annoncent John McCain gagnant aussi bien face à Barack Obama que face à Hillary Clinton.

Les affaires mêlant indirectement les candidats et les phrases assassines (« On ne choisit pas sa famille, a déclaré Hillary Clinton mardi 25 mars. Mais on choisit l'Eglise à laquelle on appartient ») révèlent la lutte acharnée au sein du camp démocrate. Les anciens propos calomnieux du pasteur Wright qui a marié Barack Obama et baptisé ses deux filles (« Dieu maudissent l’Amérique »), le scandale impliquant dans un réseau de prostitution Eliot Spitzer, le gouverneur de New York, un proche d’Hillary Clinton, le témoignage (finalement contradictoire) devant prouver l’expérience en matière de politique étrangère de l’ex First Lady lors d’un voyage en Bosnie en mars 1996, entachent l’image des démocrates dans le pays.

Madame Clinton donnée vainqueur au début des primaires, aujourd'hui accusant un net retard face à son adversaire, a investi une part importante de sa fortune personnelle dans le financement de sa campagne. Dans ses conditions, elle peut difficilement retirer sa candidature. Quoiqu’il en soit, sa crédibilité est plus touchée que celle de son rival. En effet, le sénateur de l’Illinois a pu exploiter au mieux les attaques en prononçant un discours souvent qualifié d’historique à Philadelphie le 18 mars 2008. Tout en s’expliquant sur sa relation avec le pasteur Wright et en condamnant ses propos, Barack Obama a su convaincre en se présentant comme le candidat de tous les Américains, non celui d’une minorité. Il est apparu en futur président des Etats-Unis crédible.

Dans ce contexte difficile pour les démocrates, le nom d’Al Gore resurgit pour mener le Parti à la victoire. Mardi dernier, un représentant de la Floride, Tim Mahoney a publiquement envisagé que le prix Nobel de la Paix soit finalement désigné par la Convention démocrate de Denver fin août. Pour ce super délégué, seul Al Gore peut incarner le rôle de candidat du compromis. Il précise que si la convention aboutit sur une impasse, le parti pourrait accepter un « dream ticket » sous la forme Gore-Clinton ou Gore-Obama. Sans exclure de tenter sa chance une nouvelle fois, Al Gore n’a pas répondu à cet appel.

Ce duel démocrate profite au candidat républicain John McCain qui poursuit sa campagne. Après son retour d’un voyage à l’étranger au Proche Orient et en Europe, un deuxième clip vidéo destiné à la télévision est sorti. Le sénateur de l’Arizona est présenté comme « le président américain que les Américains attendent ».

Comme dans le précédent spot Man In The Arena, le message politique insiste sur deux éléments incarnant le candidat : son refus d’abandonner face à l’adversité érigé en valeur américaine, un homme qui a toujours servi l'Amérique comme en témoignent les images de l’ex-vétérant de la guerre du Vietnam épelant son numéro matricule 624787… Son expérience de la guerre justifie sa position sur le maintien des troupes en Irak, conflit souvent comparé à la guerre du Vietnam. Justement blessé au Vietnam, il est conscient des enjeux de sa position de fermeté sur la guerre en Irak qui s’inscrit alors comme un engagement responsable et historique… contrastant avec les querelles partisanes démocrates.

mercredi 26 mars 2008

WMC 2008 - Playlist By MrFReD

La Winter Music Conference, le rendez vous incontournable des DJs et des Clubbers, a ouvert ses portes le 25 mars à Miami.. Les folles soirées de cette semaine vont donner le ton à un été très prometteur...

En attendant, je vous propose ma playlist House Music WMC 2008 :

- Todd Terry Allstars "Get Down" (Mousse T Rmx)
- Jamie Lewis Feat. Keith Thompson "Boby Music" (Jamie Lewis Main Mix)
- Copyright "Wizeman" (Original Mix)
- Osunlade "My Reflection"
- ATFC "Life" (Lil Mo Life Mix)
- Claude Monnet Feat Torre "The Chase"
- Scott Wozniak Feat. Angelica Linares "Amor Del Alma" (Vocal Mix)
- Marlon D "Jesus Creates Sound" (Main Mix)
- Fish & Tracey K "The Cure And The Cause" (Balearic Soul Rmx)
- The Shapeshifters "Treadstone"

House Is My Soul
A Sweet Stylish House Session By MrFReD
Coming Soon…



mardi 25 mars 2008

« La race est une question que notre nation ne peut éluder » Barack Obama

La polémique née des propos controversés de l'ex-pasteur, Jeremiah Wright, qui a célébré le mariage de Barack Obama et baptisé ses deux filles, a permis au sénateur de l’Illinois de montrer aux Américains sa stature de futur président des Etats-Unis en prononçant un discours parfois qualifié d’historique.

Ce moment fort de la campagne 2008 s’est déroulé à Philadelphie, une ville hautement symbolique. Le sénateur de l’Illinois a ainsi inscrit son action dans la continuité des Pères fondateurs des Etats-Unis. La Convention de Philadelphie proclama l'indépendance et prépara la Constitution. Elle se référait à une philosophie politique, mélange de foi chrétienne et d'esprit des Lumières. Elle n'en accepta pas moins la poursuite de l'esclavage, qui a été à l'origine de la guerre civile, dite guerre de Sécession, au milieu du XIXe siècle.

Dans un discours prononcé mardi 18 mars 2008, Barack Obama a été contraint d’aborder le thème de la question raciale jusqu’alors évacuer de sa campagne. Par le ton sobre, franc et son charisme habituel, il a su convaincre et remobiliser une partie de son camp.

Tout en récusant les propos de l’ex-pasteur, il ne l’a pas désavoué confirmant ses liens qui l’unissent à un homme qui aurait pu enterrer sa candidature. Le sénateur de l’Illinois a réitéré son discours fédérateur, puisant dans sa propre histoire : « Ma femme est une Noire américaine qui porte en elle le sang d’esclaves et d’esclavagistes… Mon père est un Noir du Kenya et ma mère, une Blanche du Kansas. J’ai été éduqué dans les meilleurs établissements américains et j’ai vécu dans un des pays les plus pauvres. »

Au regard des nombreux défis surmontés par les Américains au cours de leur histoire, Barack Obama réaffirme sa foi en l’Amérique, la terre de tous les espoirs. Il propose une Union dépassant les clivages raciaux, reposant sur « les chemins typiquement américains de promotion sociale ». « Cette Union ne sera peut-être jamais parfaite, mais elle a montré, génération après génération, qu'elle pouvait être perfectionnée ».

Extraits (Traduit de l’anglais par JEAN-FRANÇOIS KLEINER – Libération.fr, samedi 22 mars 2008 ) :

«Tout au long de la première année de cette campagne, contrairement à toutes les prédictions inverses, nous avons vu que le peuple américain était avide de ce message d’unité. Malgré la tentation de regarder ma candidature à travers des lunettes purement raciales, nous avons remporté des victoires déterminantes dans des Etats dont les populations sont parmi les plus blanches de ce pays. En Caroline du Sud, où flotte encore le drapeau confédéré, nous avons bâti une puissante coalition d’Africains-Américains et d’Américains blancs.

Cela ne signifie pas que la race n’a pas été un thème de la campagne. A plusieurs reprises, au cours de celle-ci, certains commentateurs m’ont reproché tantôt d’être "trop noir", tantôt de ne l’être "pas assez". Nous avons vu les tensions raciales faire des remous en surface pendant la semaine précédant la primaire de Caroline du Sud. La presse a scruté tous les sondages pour y trouver des preuves de polarisation raciale, non seulement entre Blancs et Noirs, mais même entre Blancs et basanés. Pourtant, c’est seulement pendant ces deux dernières semaines que la question de la race est devenue un argument de division. D’un côté, on a sous-entendu que ma candidature était un exercice de discrimination positive, uniquement fondée sur le désir des libéraux à large vue d’obtenir une réconciliation raciale à bas prix. De l’autre, on a entendu mon ancien pasteur, le révérend Jeremiah Wright, recourir à un langage incendiaire pour exprimer des vues qui non seulement risquent d’agrandir le fossé racial, mais dénigrent ce qu’il y a de grand et de bon dans notre nation, offensant pareillement les Blancs et les Noirs […].»

«La race est une question que, selon moi, notre nation ne peut pas se permettre d’éluder en ce moment. Nous commettrions la même erreur que le révérend Wright dans ses sermons injurieux sur l’Amérique : simplifier, stéréotyper et amplifier les aspects négatifs jusqu’à déformer la réalité […].

Le révérend Wright et les autres Africains-Américains de sa génération […] ont grandi à la charnière des années 50 et 60, à une époque où la ségrégation était encore la loi du pays et les chances systématiquement restreintes. Il ne s’agit pas de se demander combien d’hommes et de femmes ont échoué à cause de la discrimination, mais plutôt combien ont réussi en dépit des probabilités ; combien ont été capables d’ouvrir la voie à ceux qui, comme moi, sont arrivés après eux. Cependant, tous ceux qui ont pu décrocher, au prix d’énormes efforts, un lambeau du rêve américain, ne sauraient faire oublier les autres, qui n’y sont pas parvenus […] - ceux qui ont fini par être vaincus par la discrimination. Ce legs de la défaite a été transmis aux générations suivantes. […] Pour les hommes et les femmes de la génération du révérend Wright, le souvenir de l’humiliation, du doute et de la peur n’a pas été effacé, pas plus que la colère et l’amertume de ces années […].

En fait, une même colère se retrouve dans certains segments de la communauté blanche. Nombreux sont les Blancs, dans la classe ouvrière et la classe moyenne, qui estiment n’avoir pas été particulièrement favorisés par leur race.

Ils ont vécu ce que vivent les immigrés : pour leur part, on ne leur a rien donné, ils ont dû tout arracher de haute lutte […].

Alors, quand on leur dit d’inscrire leurs enfants dans une école à l’autre bout de la ville, quand ils entendent qu’un Africain-Américain a été pistonné pour obtenir un bon boulot ou une place dans une bonne université au nom d’une injustice dont ils ne sont pas personnellement responsables, quand on leur raconte que leur peur de la criminalité en zone urbaine est un préjugé, le ressentiment finit par s’installer […].»

Robert Kennedy et la question des droits civiques


Photographie montrant le ministre de la Justice Robert F. Kennedy s'adressant avec un mégaphone à une foule d’Afro-américains et de blancs à l'extérieur du Département de la Justice le 14 juin 1963 ; signe pour le Congrès que l'égalité raciale est une évidence. En effet, les droits des Noirs américains, établis après la guerre de Sécession, en 1866, par le 13e amendement abolissant l’esclavage et le 14e amendement donnant l’accès à la citoyenneté aux Noirs, ne sont pas respectés dans les Etats du Sud.

Elu en 1960, John F. Kennedy est personnellement favorable à la déségrégation. Lui et son frère Robert, alors ministre de la Justice, interviennent fermement en faveur des droits civiques – surtout Robert qui a convaincu son frère que ceux-ci doivent constituer une priorité du mandat présidentiel. Cependant, les lois civiques seront votées sous la présidence de Lyndon Johnson. En 1964, le Civil Rights Act interdit toutes discrimination et ségrégation dans les lieux publics ; en 1965, le Voting Rights Act suspend les clauses restrictives sur le droit de vote. Les Noirs deviennent des citoyens américains à part entière.

Bobby, un film d'Emilio Estevez (2006)

Plus d'infos sur ce film

Le phénomène Obama s’enracine dans l’histoire politique et culturelle des Etats-Unis. Le film très humain d’Emilio Estevez nous replonge dans les primaires de 1968. 22 destins. 1 des événements les plus tragiques de l’histoire des Etats-Unis : l’assassinat de RFK à l’Hôtel Ambassador de Los Angeles dans la nuit du 4 au 5 juin 1968. 40 ans après sa mort, l’ombre de Robert Kennedy plane sur les primaires actuelles. Un film à découvrir (ou à revoir) absolument pour mieux comprendre la ferveur qui accompagne la campagne du sénateur de l’Illinois dans la course à la présidence de 2008.

lundi 24 mars 2008

JFK par Mark Shaw

La photo préférée de JFK le représentant a été prise par Mark Shaw en 1959 sur les dunes près de Hyannis Port, le fief familial dans le Massachusetts. Cette photo a été employée fréquemment, après l'assassinat de JFK, pour symboliser sa présidence.

lundi 17 mars 2008

Le film hommage aux poilus réalisé par l'ECPAD

Voici un extrait du film hommage aux poilus présenté cette après midi aux Invalides lors de la cérémonie d’hommage à Lazar Ponticelli, le dernier poilu décédé mercredi 12 mars 2008,et à tous les combattants de la Grande Guerre. La version intégrale de ce film réalisé par l’ECPAD (l’Etablissement de la communication et de la production audiovisuelle de la Défense) dure 13 min. Ce documentaire hommage repose sur des images d’archives détenues par l’ECPAD et en grande partie inédites.


Les funérailles de Lazar Ponticelli, le dernier combattant de la guerre de 14-18 décédé à l'âge de 110 ans, ont permis également de rendre un hommage solennel aux quelque 8,5 millions de poilus.

Cette journée d’hommage s’est organisée autour de trois cérémonies. Deux ont été consacrée en fin de matinée avec les obsèques religieuses et les honneurs militaires en l'église Saint-Louis des Invalides, puis dans la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides. À cette occasion, l'académicien Max Gallo a prononcé l'éloge funèbre après la lecture d'une lettre par un lycéen. L'ensemble des administrations publiques ont respecté une minute de silence. Les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments et édifices publics. Le dernier poilu a ensuite été inhumé dans l'intimité, dans le caveau familial de d’Ivry-sur-Seine.

Dans l’après midi, une dernière cérémonie s’est déroulée dans la cour du dôme de l'hôtel national des Invalides. Le Président de la République Nicolas Sarkozy a déposé une gerbe devant une toute nouvelle plaque réalisée en l'honneur de l'ensemble des combattants de la Grande Guerre sur laquelle est inscrit la dédicace suivante :

«Alors que disparaît le dernier combattant français de la Première Guerre mondiale, la nation témoigne sa reconnaissance envers ceux qui ont servi sous ces drapeaux en 1914-1918. La France conserve précieusement le souvenir de ceux qui restent dans l'histoire comme les poilus de la Grande Guerre.»

Le chef de l'État a terminé par une allocution à l'extérieur du bâtiment en présence de l'ensemble du gouvernement.

dimanche 16 mars 2008

Quelle est la différence entre Hillary Clinton et Barack Obama ?

Quelle est la différence entre les démocrates Hillary Clinton et Barack Obama ?

La réponse du camp Obama est claire. Le sénateur de l’Illinois se présente aux élections pour servir l'Amérique et les Américains, alors que l’ancienne First Lady mène campagne au nom de ses ambitions personnelles.


Will I Am On Barack Obama Song

samedi 15 mars 2008

GAP By Audrey Hepburn


Séquence extraite du film "Funny Face" (1956)

vendredi 14 mars 2008

D. G. Rossetti, Ecce Ancilla Domini (1850)

Dante Gabriel Rossetti, Ecce Ancilla Domini, 1850, 73 x 41,9 cm, Tate Gallery, London.


Cette Annonciation de Rossetti m’interpelle. Expression du visage, attitude naturelle pour un événement extraordinaire, la représentation toute humaine de Marie subjugue la toile & ne laisse pas indifférent son contempleur…

Si le tableau s’inscrit dans une longue tradition iconographique apparue à la Renaissance, l’artiste prend quelques distances avec la représentation traditionnelle de la visite de l’archange Gabriel à la Vierge Marie, au point de scandaliser ses contemporains.

Retour sur l’histoire d’un tableau et présentation de quelques clés de lecture.

Rossetti, peintre préraphaélite

Dante Gabriel Rossetti (1828-1882) est un peintre et poète anglais, né à Londres. Il étudie à l’Académie royale de Londres où il rencontre Holman Hunt et John Everett Millais. Ensemble, ils fondent en 1848, en réaction à la peinture académique, la Confrérie préraphaélite. L’année suivante, Rossetti expose L’enfance de la Vierge et apparaît comme le chef de file d’une nouvelle peinture où l’esthétique exprime un état d’esprit. Dès 1852, il s’éloigne de la confrérie et peint des œuvres inspirées par les légendes médiévales dans un style où la perfection du dessin s’associe parfois à des couleurs criardes d’une sensiblerie affectée.

Rossetti participe donc à l’un des nombreux courants artistiques du XIXe siècle (nazaréens, préraphaélisme, romantisme, orientalisme, réalisme…). Les préraphaélites jouent un rôle important dans l’art religieux auquel ils ont consacré une grande partie de leur production, sans limiter ce mouvement à cet unique aspect religieux. D’ailleurs, l’évolution du préraphaélisme demeure complexe.

L’origine du mot préraphaélite est attribuée à Holman Hunt qui critique les formes utilisées par Raphaël dans sa Transfiguration. L’Académie fut scandalisée par la critique d’un peintre qu’elle considère comme un modèle universel et Hunt appela préraphaélite sa recherche picturale et celle de ses amis. L’idéal pictural serait de retrouver l’art d’avant Raphaël.

D.G. Rossetti est plus le plus religieux des préraphaélites. Sa sensibilité mystique trouve dans les recherches du groupe un moyen pour peindre sa foi. En 1849, il achève L’enfance de la Vierge. Il s’agit de la première peinture préraphaélite qui doit être présentée à l’exposition de l’Académie royale. Craignant un refus, l’artiste expose sa toile à la galerie de Hyde Park qui ouvre ses portes cinq jours avant. Le tableau, signé pour la première fois PRB (Pre-Raphaelite Brotherhood), scandalise par son décor. Un paysage est introduit par le biais d’une fausse fenêtre et un personnage cueille des fruits sur un arbre. La scène est insolite malgré tous les symboles : la colombe, le lys et l’ange dont les ailes rouges ont pu choquer.

Ecce Ancilla Domini

Ecce Ancilla Domini (« voici la servante du Seigneur ») est réalisé en 1850 avec d’autres œuvres religieuses du mouvement préraphaélite, toutes véritable tentative d’innovation picturale et religieuse. Ce nouveau tableau de Rossetti, ainsi que Le Christ dans sa maison de ses parents ou la boutique du charpentier de Millais, Les prêtres chrétiens chassés par les persécutions des druides de Hunt et Le Renonciation d’Elisabeth de Hongrie de Collinson, soulèvent une vraie tempête à l’Académie royale. L’Angleterre semble rebelle à l’art sacré, délaissé depuis la Réforme protestante, et demeure méfiante envers une peinture religieuse qui s’associe mal à son puritanisme. L’Académie royale ne comprend pas ces tableaux peints sans respecter les techniques propres aux classiques : couleurs vives, géométrie des formes accentuées, paysages recomposés dont la lumière semble artificielle, fausses perspectives chères aux primitifs italiens…

Paradoxalement, les œuvres qui provoquent les plus vives polémiques, Ecce Ancilla Domini renommée Annonciation, L’enfance de la Vierge, et La Boutique du charpentier sont diffusés en Europe à des milliers d’exemplaires tout au long du siècle.

Ecce Ancilla Domini a choqué ses contemporains par la façon de présenter l’annonciation et par la technique picturale. La structure médiévale et la construction inhabituelle de la perspective s’opposent à l’enseignement académique. La composition traditionnelle est déséquilibrée et met en scène un ange dominateur qui occupe presque la moitié de l’œuvre. Cet ange porte un message qui effraie littéralement une Marie frébile.

- Mouvement de recul, fixité du regard dans le vide exprime le trouble de la Vierge Marie

- l’ange tient dans les mains une tige de lys : cette fleur est le symbole de la pureté virginale de Marie, mais l’iconographie de l’Annonciation en a fait l’un des attributs caractéristiques de l’archange Gabriel

- S’écartant d’une longue tradition iconographique, Rossetti représente l’archange Gabriel sans ailes, et lui ajoute une innovation intéressante : des flammes sous les pieds

- Toujours, selon la tradition iconographique, la colombe de l’Esprit saint qui « étend son ombre » sur la Vierge Marie, accompagne l’archange dans sa mission

Dans cette œuvre, Rossetti crée d’une certaine manière un nouveau modèle pour la Vierge, emprunt de modernité : la mince silhouette craintive et le visage mystérieux et pénétrant d’intensité représentent peut-être l’inquiétude du siècle. Cela explique peut-être le succès populaire de l’œuvre les années suivantes.

Toutefois, il faut noter un élément au premier plan à droite pour mieux comprendre le tableau : une sorte de manteau rouge posé verticalement sur une planche de bois accompagné d’une fleur de lys inversée, avec des ramifications rampantes en forme d’épines. Une référence au funeste présage de la Passion et en particulier l’épisode appelé Ecce Homo, où le Christ humilié, porte un manteau rouge et une couronne d’épines.

Que faut-il comprendre ? L’artiste veut souligner le lien direct qui existe entre deux épisodes pourtant séparés de plusieurs décennies : l’Annonciation et la Passion du Christ. Ici, il n’y a pas de sérénité, c’est le doute et le flou que ravage une Marie perplexe. Veut-elle vraiment être à l’origine de tant de souffrance ? Et c’est bien Elle au final, la servante du Seigneur, comme le rappelle le titre.

Bibliographie

- L. DES CARS, Les préraphaélites. Un modernisme à l’anglaise, Paris, Gallimard, coll. Découvertes Gallimard, 1999, 128 p.

- R. GIORGI, Anges et démons, Paris, Hasan, coll. Guide des arts, 2004, 384 p.

- M. RAPOPORT (dir), Culture et religion. Europe – XIXe siècle, Paris, Atlande, coll. Clefs concours, 2002, 767 p.

mercredi 12 mars 2008

The Man In The Arena (John McCain)

Voici le premier clip officiel du candidat républicain aux élections de novembre 2008. John McCain y défend le maintien des troupes américaines en Irak. Il inscrit son action dans la tradition de résistance à l’oppression incarnée par Winston Churchill, digne de la figure du citoyen responsable défini par Theodore Roosevelt dans ce discours The Man In The Arena du 23 avril 1910 prononcé à la Sorbonne.


The Time Has Come (Le moment est venu)

« Nous nous battrons sur les plages… dans les champs…
Nous nous battrons sur le champ de bataille… dans les rues, et sur les collines…
Nous ne nous rendrons jamais !
» W. Churchill

« Gardez la foi, gardez courage, restez unis, soyez forts.
Ne faiblissez pas ! Ne flanchez pas !
Levez vous ! Nous sommes Américains !
Les Américains ne se rendront jamais !
Ce sont eux qui se rendront !
» John McCain

For A Man In The Arena (Pour un homme sur le terrain)

« De mon cœur, de toute mon âme,
je jure de faire tout ce qui est en mon pouvoir,
de mettre tout mon courage, ma sagesse et ma force à votre service…
Jamais un combat n’a été aussi important que celui que nous menons…
» Theodore Roosevelt

Ready (Prêt)

« Je sais qui je suis et ce que je veux,
et je ne cours pas après le pouvoir.
Je dois à l’Amérique plus ce qu’on ne lui a jamais du.
» John McCain

(traduction Laurence Haïm, pour Canal+ La Matinale Duplex du 11 mars 2008)

« Ne cédez jamais,
Ne cédez jamais, jamais, jamais, jamais,
Au grand jamais, en rien de grand ou de petit, important et dérisoire.
Ne cédez jamais, sauf face à l’honneur et au bon sens.
Ne cédez jamais à la force
Ne cédez jamais à l’apparente puissance écrasante de l’ennemi
» W. Churchill

More Than Aspiration : Leadership (Plus qu’une aspiration, une conduite)

« J’ai parcouru notre pays depuis plusieurs années (…)
Je suis fier de ce privilège
Ne me demandez pas ce que nous devons faire
Ne me demandez pas un pays plus fort dans un monde apaisé.
Nous pouvons, nous devons,
Et je représente ce que nous ferons
» John McCain

(traduction personnelle)

Discours cités (dans l’ordre du clip) :
- Winston Churchill We Shall Fight On The Beach (discours prononcé à la Chambre des Communes, 4 juin 1940)
- Theodore Roosevelt Citizenship In A Republic : The Man In The Arena (discours prononcé à la Sorbonne (Paris), 23 avril 1910)
- Winston Churchill Never Give In, Never, Never, Never (discours prononcé à la Harrow School, 29 octobre 1941).

Les allusions aux primaires démocrates fratricides résonnent particulièrement dans ce clip. La dernière phrase de McCain « Je dois à l’Amérique plus ce qu’on ne lui a jamais du » place l’impétrant dans sa stature de futur Président des Etats-Unis et souligne ses capacités à gouverner l’Etat fédéral. Elle fait échos à la conclusion du discours d’investiture de John F. Kennedy (20 janvier 1961) : « Voilà pourquoi mes chers compatriotes, ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays. »




From Matthew Santos To Barack Obama

Les primaires démocrates de 2008 tendent à ressembler aux primaires démocrates de l'excellente série télévisée The West Wing (A la Maison Blanche). Cette série américaine, créée par Aaron Sorkin et diffusée entre le 22 septembre 1999 et le 14 mai 2006 sur le réseau NBC, est composée de 155 épisodes de 42 min. (soit 7 saisons).

The West Wing raconte la vie quotidienne du président démocrate Josiah Bartlet (Martin Sheen) et de son équipe de collaborateurs les plus proches installés dans l'aile l'ouest (The West Wing) de la Maison Blanche qui abrite le salon ovale.

Sorte de petit traité politique, la série permet ainsi une solide initiation à la vie politique américaine (constitution, système partisan…) ainsi qu’une découverte des grands débats traversant la société américaine (racisme, éducation, avortement, santé, vente libre des armes…).

Voici une vidéo réalisée par le magazine Slate montrant les liens entre la série The West Wing et les primaires 2008.





Aaron Sorkin a également écrit le scénario de La guerre selon Charlie Wilson (Charlie Wilson’s War) (2006) réalisé par Mike Nichols, avec Tom Hanks et Julia Roberts.

mardi 11 mars 2008

La mondialisation selon Bob Sinclar

Les Démocrates déchirés, les Républicains lancés par Charlotte Lepri

Par Charlotte Lepri, chercheuse à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). (IRIS, 7 mars 2008)

Alors que les primaires du Texas, de l’Ohio, du Rhode Island et du Vermont ont définitivement garanti à McCain la candidature républicaine, elles ont en revanche confirmé le déchirement des électeurs démocrates entre deux candidats d’exception. Le choix entre deux personnalités atypiques, qui, quoi qu’il en soit, constitueront toutes deux une évolution dans le paysage politique américain, est un des plus grands dilemmes que le camp démocrate ait eu à affronter.

Hillary Clinton partait grande favorite de cette élection, mais elle a été prise au dépourvu par l’ampleur du phénomène Barack Obama, inconnu il y a encore peu. Eloquent et charismatique, Barack Obama est parvenu en quelques mois à créer autour de lui une véritable dynamique entretenue par des militants très motivés, les médias et internet. En peu de temps, il a réussi à faire passer Hillary Clinton pour un symbole de l’establishment whashingtonnien alors qu’elle n’a, faut-il le rappeler, des fonctions d’élue que depuis huit années. Bien plus, la perspective d’élire une femme à la Maison Blanche, qui constitue déjà une avancée formidable des mentalités, a été « ringardisée » par la perspective de voir un jeune métis à la tête des Etats-Unis.

Depuis le Super Tuesday du 5 février dernier, Barack Obama accumulait les victoires et confirmait son « big momentum ». Il a bénéficié en outre d’un traitement bien plus favorable dans les médias, américains et étrangers, qu’Hillary Clinton. Mais, coïncidence fâcheuse pour Barack Obama, ce manque d’impartialité, cet engouement pour le Sénateur de l’Illinois, a été mis en lumière juste avant l’élection de mardi dernier. De plus, cette situation confirme que la position de « favori » n’est pas forcément un avantage et que les électeurs sanctionnent rapidement les excès de confiance dont peuvent faire preuve les candidats (Rudy Giuliani, Hillary Clinton et Barack Obama).

De fait, il est encore aujourd’hui impossible de prédire qui des deux candidats représentera le camp démocrate à l’élection présidentielle. Mardi dernier, Hillary Clinton a certes gagné trois Etats sur quatre, mais Barack Obama conserve toutefois son avance en termes de délégués. En effet, au choix déjà difficile qu’ont à faire les électeurs démocrates s’ajoute une particularité technique dans le décompte des voix. Contrairement aux primaires républicaines, où le candidat qui remporte le vote populaire remporte tous les délégués de l’Etat, la répartition des délégués démocrates se fait à la proportionnelle, rendant plus incertaine encore l’issue finale.

Si elle n’a pas totalement renversé la tendance, Hillary a toutefois su montrer sa ténacité et sa combativité. Ces qualités pourraient jouer en sa faveur auprès des quelques 800 Super-délégués qui pourraient être amenés à jouer un rôle décisif dans le choix du candidat en août prochain à la Convention nationale du Parti. Ces Super-délégués, qui ont la particularité de ne pas être élus et de ne pas être officiellement engagés en faveur d’un candidat particulier jusqu’à la Convention, sont des membres du Congrès, des gouverneurs, des anciens présidents et vice-présidents, des membres éminents du parti démocrate. Si aucun des candidats ne s’est clairement démarqué d’ici août prochain, alors les Super-délégués pourraient faire basculer l’élection primaire dans un sens ou dans un autre.

Une dizaine d’Etats n’ont pas encore tenu leurs primaires, mais cela suffira-t-il à faire émerger clairement le futur candidat démocrates ? Beaucoup en doutent. C’est donc une bataille de longue haleine qui attend Hillary Clinton et Barack Obama jusqu’en août prochain date de la Convention démocrate à Denver qui scellera le sort final du candidat démocrate. Dans les primaires à venir, chaque voix, chaque délégué, chaque Etat vont compter, et sans nul doute, cette guerre fratricide laissera des marques.

Reste le cas des Etats du Michigan et de la Floride, qui pourraient devenir la clé du scrutin. A eux deux, ces Etats représentent plus de 300 délégués, mais ces délégués sont pour l’instant exclus de la Convention démocrate et n’ont donc pas le droit de voter pour choisir leur candidat. Le Michigan et la Floride avaient en effet voulu, malgré l’opposition du Parti démocrate, avancer les dates de leurs primaires pour peser davantage et s’assurer une plus grande visibilité médiatique dans la campagne. Le vote dans ces Etats a en réaction été invalidé par le Parti. Or, Hillary Clinton est arrivée largement en tête dans ces deux Etats. L’élection étant très serrée entre les deux candidats, la décision de réintégrer ou non les délégués du Michigan et de la Floride pourrait renverser la donne, aux dépens de Barack Obama, qui avait décidé de ne pas faire campagne dans ces Etats. Si aucun compromis n’est trouvé pour décider du sort de ces délégués, il reviendrait alors à la commission d'accréditation de la convention nationale de Denver de trancher.

Dans cette primaire démocrate, le véritable gagnant est finalement John Mc Cain. Le candidat républicain, en qui personne ne croyait il y a encore quelques mois, est le principal bénéficiaire du duel interminable dans le camp démocrate. Il peut d’ores et déjà se lancer dans une campagne nationale, prenant ainsi une bonne longueur d’avance sur son futur concurrent.

Source : http://www.iris-france.org/Tribunes-2008-03-07.php3

mercredi 5 mars 2008

Primaire fratricide chez les démocrates

Ce « second Super Tuesday » (formule due à l’équipe de campagne de John McCain) plonge le parti démocrate dans une lutte sans merci pour l’investiture. Barack Obama conserve son avance en nombre de délégués tandis qu’Hillary Clinton maintient en sursis sa candidature. En effet, mathématiquement parlant, le choix du candidat démocrate devrait désormais reposer dans les mains des super délégués qui se prononceront lors de la Convention (25-28 août).

Pourquoi Barack Obama perd son momentum (sa dynamique) lors des quatre primaires du Texas, de l’Ohio, du Vermont et du Rhode Island ?

Une campagne négative a succédé à la campagne enthousiaste et courtoise de janvier février. Si le ton de la campagne a changé, il convient de distinguer trois éléments :

1) un nouveau contexte médiatique jouant en la défaveur de Barack Obama

2) les conséquences de la politique menée par l’équipe de campagne de la sénatrice de New York pour relancer l’ex first lady dans la course à l’investiture

3) une semaine de revers personnels précédent le scrutin pour le sénateur de l’Illinois

D’abord, Barack Obama subit un retour de bâton médiatique lié à l’obamania ambiante post Super Tuesday. La fascination des médias pour le sénateur de l’Illinois est d’ailleurs criée haut et fort par ses adversaires. Le tournant s’opère suite à un sketch comique de l’émission Saturday Night Live hyper critiquée, dans lequel les acteurs parodient l’idolâtrie d’Obama par les médias. Dès lors, un nouveau regard, plus impartial, sur le sénateur de l’Illinois est porté par les journalistes.

A ce retournement se superpose une offensive du lobbying féministe qui voit les espoirs de l’élection d’une femme à la magistrature suprême des Etats-Unis diminués. Lors de la même émission citée ci-dessus, Tina Fey, comédienne féministe, prend à partie les femmes qui refusent de voter Hillary Clinton sous prétexte qu’elle est sévère et une sal*pe (bitch). Elle cite les nonnes catholiques austères qui l’ont si bien éduquée en insistant que les sal*pes sont les femmes qui accomplissent le plus dans le monde. Tina ajoute enfin quel pays se refuserait l’opportunité d’avoir deux co-présidents qualifiés ? (pour approfondir ce point lire le post du 5 mars 2008 de C. Nnaemeka, Blog Route 44 sur lefigaro.fr)


Ensuite, depuis le Super Tuesday, la campagne de l’ex first lady a évolué. Bill Clinton s’est effacé de la campagne. Sa (sur)présence desservait son épouse incarnant l’antichangement. De plus, Hillary Clinton a multiplié les attaques sur la capacité d’Obama à diriger le pays. Elle a ouvert la porte à la campagne négative par la violence de son discours. Ce ton agressif rompt avec le ton consensuel d’Obama rassembleur. Il repose sur les attentes d’une partie de l’opinion. Dans l’adversité, Hillary est réputée pour sa capacité à rebondir. Face aux défaites successives, elle a su montrer le visage d’une femme combattante, finalement qui survit après ses victoires de l’Ohio et du Texas.

Enfin, il faut noter les trois incidents exploités par le camp Clinton qui ont touchés directement le sénateur de l’Illinois. L’affaire Tony Rezko, un lobbyiste qui aurait contribué à sa campagne, actuellement poursuivi pour détournement de fonds. Obama a aussi été contraint de reconnaître publiquement que son conseiller économique Austan Goolsbee ait discrètement prévenu les autorités canadiennes de ne pas s'inquiéter des propos de campagne du candidat dénonçant le traité de libre échange de l'Amérique du nord (Alena). Obama a également souffert de la diffusion en dernière minute d’un clip baptisé children. On y voit des enfants dormir paisiblement pendant qu'un téléphone sonne à la Maison Blanche. « Qui voulez vous voir décrocher le téléphone en pleine nuit ? » alors qu’il se passe « quelque chose dans le monde » interroge le clip montrant Hillary entrain de répondre. Il décrédibilise implicitement Obama incapable de réagir à une crise de sécurité.

Si Barack Obama a perdu en termes de voix le Texas, il risque de l’emporter en nombre de sièges. Ses résultats témoignent qu’il n’est pas encore parvenu à convaincre chez les Latinos de plus de 35 ans, les femmes et les ménages les plus pauvres. Chez les démocrates, l’affrontement fratricide risque d’offrir la maison blanche à John McCain.

mardi 4 mars 2008

Hillary, la machine candidate




Au début des primaires, la confiance règne dans le camp d’Hillary Clinton. La victoire est possible. En effet, Hillary Clinton possède déjà une solide expérience des campagnes présidentielles. Son programme clairement défini correspond aux attentes des électeurs démocrates. Elle bénéficie d’une prestigieuse renommée. Ancienne first lady, elle est la femme la plus connue au monde. Elle a le soutien des cadres du parti démocrate. Le financement de la machine électorale est assuré. Pourquoi Hillary Clinton risque-t-elle de perdre les primaires à la veille des scrutins du Texas et de l’Ohio ?

Le duel Hillary Clinton – Barack Obama se déroule dans le cadre des primaires. L’affrontement oppose des candidats d’un même parti. Le débat d’idées n’est donc pas l’enjeu majeur puisque les deux impétrants ont fait les mêmes choix fondamentaux. Ce qui compte, ce sont les candidats, leur comportement, leur personnalité dans la mesure où la campagne permet de la saisir, leur capacité à assurer la victoire du parti aux élections présidentielles de novembre.

Dans l’opinion américaine, l’image d’Hillary Clinton souffre d’une réputation de guerrière glaciale. L’épisode des larmes d’Hillary à la veille de la deuxième primaire dans le New Hampshire a été présenté comme une stratégie de communication politique visant à montrer le caractère humain de l’ex first lady. Son équipe de campagne n’a pas – ou n’est pas parvenu à – corriger cette image, alors que l’équipe d’Axelrod qui dirige la campagne de son principal rival a réussi à sacraliser la candidature du jeune sénateur de l’Illinois.

Le clip "Jack and Hill", contre offensive au clip "We Are The Ones Song", en témoigne. Si sa conception ne manque pas d’humour, il me semble inadapté et peu efficace. Pour illustrer leur soutien à l'ex-first lady, Jack Nicholson et le réalisateur Rob Reiner ont réalisé ce petit clip, avec les répliques que l'acteur a prononcées dans ses films les plus célèbres. C’est l'occasion de voir le Joker de Batman ou l'effrayant Jack Torrence de The Shining vanter les qualités de la candidate... Sans oublier le meilleur moment : un Nicholson en affreux colonel Nathan Jessep dans Des Hommes d'Honneur, qui lance : "Laissez-moi vous dire, messieurs, qu'il n'y a rien de plus sexy qu'une femme devant laquelle on se met au garde-à-vous"... Le programme d’Hillary est affiché entre chaque extrait de film. Son portrait n’apparaît pas. Un clip académique, digne d’une machine électorale sans visage humain, qui ne permet en rien d’améliorer l’aura de la candidate.

A ce propos, il faut signaler une anecdote assez significative, rapportée par Laurence Haïm sur son blog USA 2008 (post du 1 mars 2008). Lors d’une réunion publique de vendredi dans l’Ohio, Hillary Clinton récite son programme point par point. Soudain, elle est interpellée par une femme en pleure, endettée et au chômage, affichant son malheur et réclamant l’aide de la candidate. La réponse n’est pas spontanée et décevante : « je vois effectivement que ca va très mal pour vous ». Puis elle enchaîne pour répéter comme une machine toutes ses propositions économiques. Huit minutes de discours face aux pleurs. Hillary Clinton apparaît telle une machine politique incapable du moindre sentiment humain en public. Bref, une dame de fer face aux drames de la vie. Qu’aurait fait Barack Obama dans une telle situation ? Ne serait – il pas descendu de son estrade pour serrer dans ses bras cette femme désemparée ? Certes, nul ne le saura. Mais cette interrogation en dit long sur l’image d’Hillary Clinton par rapport à son concurrent.

samedi 1 mars 2008

We Are The Ones Song ou la communication politique selon Axelrod

A l'approche des primaires cruciales de mardi au Texas, dans l'Ohio, le Vermont et le Rhode Island, les Américains assistent à une nouvelle offensive de l'équipe d’Axelrod dirigeant la campagne d'Obama. L'élection peut se jouer mardi prochain. En effet, à la veille de ces scrutins, l'enjeu est de taille pour la candidate Hillary Clinton. Bill Clinton a reconnu publiquement que «si elle gagne le Texas et l'Ohio, elle sera la candidate démocrate. S'ils ne l'élisent pas, je ne pense pas qu'elle le sera».

Comme à la veille du Super Thuesday, un clip présentant des people soutenant le sénateur de l'IIinois surgit sur le web. Dans la ferveur actuelle, et avec le rôle d'internet dans la campagne, le clip risque d'être visualisé par des millions de spectateurs, c'est-à-dire des électeurs potentiels. Les médias vont évoquer cette nouvelle chanson écrite par Will I Am, autant d'occasions supplémentaires de prononcer le nom d'Obama.

Tout comme Yes We Can, ce clip vise à faire connaître le nom d'Obama et inciter les Américains à voter pour lui. Comme je l'ai écrit dans un précédent post, le passé politique du sénateur de l'Illinois est moins prestigieux que celui de sa rivale Hillary Clinton, sa renommée au plan fédéral reste à faire. Tout au long de la chanson, le nom d’Obama, le slogan "change", le mot "America" sont répétés par des personnalités telles que Jessica Alba, Kerry Washington, Zoe Kravitz, Adrianne Palicki… On notera qu'une plus grande place est accordée aux Hispaniques, sans oublier les Afro Américains. Tout ceci montre :

1) Les primaires du Texas sont bien présentes dans les têtes des producteurs du clip lors de sa réalisation.

2) Au cours de la campagne, Obama est parvenu à capter une partie du vote hispanique, notamment chez les jeunes. Cette nouvelle donnée est désormais intégrée par l'équipe d'Axelrod. Le discours fait référence à la nation d'immigrants qu'est l'Amérique.

3) Obama cherche à mobiliser en sa faveur les jeunes, qui votent peu lors des présidentielles, en leur adressant ces deux clips. Les jeunes personnalités engagées renvoient plus spécifiquement à "une" culture jeune, et doivent donc faciliter l'identification jeune électeur - candidat Obama.

Yes We Can me semblait plus originale, avec la superposition du discours d'Obama, avec un message plus clair. We Are The Ones montre qu'Obama n'est pas le candidat des Afro Américains, mais de l'Amérique toute entière.


Un nouveau défi : ne pas saturer l'opinion de plus en plus acquise par cette hypercommunication.

Yes We Can Song

We Are The Ones Song