samedi 9 août 2008

Barack Obama, premier candidat de la mondialisation

Obama Superstar ? Au retour de la tournée triomphale de Barack Obama en Europe et au Proche Orient, la question mérite d’être posée. L’équipe du candidat républicain John McCain, son principal rival à l’élection présidentielle, répond positivement. Elle vient de diffuser un spot de publicité négative intitulé Celeb, qui compare le sénateur de l’Illinois à une star mondiale telles Paris Hilton ou Britney Spears, et qui interroge donc sur sa capacité réelle à gouverner.

En fait, l’association candidat Obama – rock star révèle le monde post-guerre froide. Au monde bipolaire, divisé entre deux blocs, a succédé un monde pacifié, ouvert, d’échanges sans cesse croissants et interdépendant, celui la mondialisation. L’obamania a pris un caractère planétaire en raison de l’organisation des relations internationales actuelle marquée par l’hyperpuissance des Etats-Unis et la mondialisation qui élève cette élection présidentielle américaine au rang d’élection planétaire. Plus qu’une superstar, le sénateur Obama peut être considéré comme le premier candidat de la mondialisation qui incarne son époque et son message. Trois niveaux de lectures illustrent notre affirmation.


1. Par son histoire personnelle

Notre époque est celle de la famille mondialisée et éclatée. Les origines de Barack Obama, qui mêlent la Chine (où vit un demi-frère), l’Indonésie, le Kenya (les racines paternelles) et Hawaii (lieu de naissance), sont à l’image d’un monde en flux permanent. Sa candidature est « une métaphore des nouvelles identités composites à l'ère de la mondialisation. » (Christian Salmon)


2. Par un recours inédit à Internet

Internet est l’instrument par excellence de la mondialisation. Il permet de relier instantanément les différentes parties du Monde. La Toile participe à une diffusion maximale et rapide des informations. La campagne des primaires a ainsi pénétré au-delà des Etats-Unis dans des millions de foyers curieux du duel opposant pour la première fois un candidat métis à une candidate ancienne first-lady. Avec You-Tube, les internautes du monde entier ont pu visionner en boucles les discours du candidat.

Depuis le début de la campagne, l’usage d’Internet a été privilégié par l'équipe de Barack Obama. Elle a utilisé très tôt le potentiel du Réseau pour organiser, mobiliser, récolter des fonds et faire participer militants et sympathisants. Grâce à my.barackobama.com, ou MyBO, un site de réseau social créé avec l'aide d'un des fondateurs de Facebook, un demi-million de personnes peuvent partager des informations, organiser des rassemblements ou tout simplement faire passer un message.

Cette nouvelle façon de communiquer renforce les liens entre le candidat et ses électeurs potentiels. Elle renvoie l’image positive d’un candidat dynamique et confirme son discours de rupture. Par ailleurs, Barack Obama propose un projet de démocratie participative reposant sur le recours à Internet, envisageant même des « chats au coin du feu ».


3. Par son discours

Le programme du candidat Obama, sorte de nouvelle frontière du XXIe siècle, ne s’adresse pas uniquement aux Américains. En voulant réconcilier les Etats-Unis avec le reste du monde, le sénateur de l’Illinois intègre une nouvelle échelle géographique dans son discours et intéresse ainsi une grande partie de la population mondiale.

Ainsi, son succès en Europe est notamment lié à sa volonté de mettre fin à l’isolationnisme américain. A Berlin, Barack Obama a lancé un appel à la « nouvelle génération, notre génération (…) Le XXIe siècle s'est ouvert sur un monde plus interdépendant que jamais (…) Ce rapprochement a entraîné de nouveaux dangers qui ne peuvent pas être endigués par les frontières ou les océans (…) Aucune nation, aussi grande et aussi puissante soit-elle, ne peut relever seule ces défis»


La candidature du sénateur Barack Obama porte en elle deux messages. Elle est le symbole que le rêve américain reste vivant. Elle rend compte au Monde que l’Amérique est entrain de changer. Mais comme le souligne Justin Vaïsse, « Obama ou McCain, il n’y aura pas de révolution en politique étrangère ».

Reste à savoir, si l'électorat américain, davantage préoccupé par les prix du pétrole et les saisies immobilières, est prêt à élire un candidat de la mondialisation.

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