La chanteuse Nicole Scherzinger apporte son soutien à l’association Rock The Vote qui milite pour l’inscription sur les listes électorales et le vote des jeunes. Lors de cette soirée de lancement d’un T-Shirt « Rock The Vote » à Beverly Hills le 13 novembre 2007, elle porte le badge « Obama For President ». Elle participe également au clip de Will I Am « Yes We Can ».
La victoire de Barack Obama dans les primaires démocrates ne doit rien au hasard. Annoncé comme perdant dès la première primaire, le momentum dont il a su bénéficier et exploiter a permis d’identifier le candidat démocrate au rêve américain, notamment par son parcours personnel et sa réussite. Candidat métis, le discours du sénateur de l’Illinois n’a cessé de le présenter comme le représentant de tous les Américains, non celui des Afro-Américains. Mais le thème central et volontaire de sa candidature bâti autour du changement ("Yes We Can Change") ne saurait suffire à expliquer ses victoires dans un grand nombre d’Etats et la durée de l’affrontement qui l’a opposé à sa rivale Hillary Clinton. Il s’est accompagné d’un marketing électoral défini par une équipe de campagne ingénieuse dirigée par David Axelrod.
Pour gagner une élection, chaque candidat doit moins concentrer ses efforts sur la mobilisation de son camp déjà acquise que sur la captation du vote des indécis. De plus, dans le cadre des primaires américaines, il s’agit de sonder l’opinion sur la popularité des candidats à l’investiture et de choisir le meilleur présidentiable. Barack Obama et son équipe ont donc déployé une stratégie électorale assez audacieuse visant à recueillir le maximum de suffrages auprès de publics diversifiés et aux intérêts non nécessairement communs : électeurs indépendants, femmes, jeunes, minorités. Candidat considéré comme issu des minorités, le jeune sénateur devait innover et rassembler le plus largement possible pour s’imposer comme un candidat crédible dans une Amérique encore marquée par les inégalités raciales.
Sans remettre en cause le discours et les qualités personnelles de Barack Obama, le marketing dynamique établi – reposant sur une représentation de la société comme somme de segments – explique peut-être le retard pris par sa rivale Hillary Clinton qui, sure de son expérience, aurait mené alors une campagne plus traditionnelle. Sans sous-évaluer le poids des cultures politiques traditionnelles, il convient d’observer une approche sociologique segmentée efficace au travers d’actions significatives et parfois quasi-inédites notamment en direction de la jeunesse américaine.
Si Barack Obama peut jouer de son charisme pour séduire le vote des femmes, il doit faire face au puissant lobbying féministe qui ne peut manquer l’occasion de voir une femme devenir présidente des Etats-Unis. Pendant cette campagne, il a montré sa présence à plusieurs reprises notamment à la veille du second Super Tuesday. Lors de l’émission Saturday Night Live précédent le scrutin, Tina Fey, comédienne féministe, prend à partie les femmes qui refusent de voter Hillary Clinton sous prétexte qu’elle est sévère et une sal*pe (bitch). Elle cite les nonnes catholiques austères qui l’ont si bien éduquée en insistant que les sal*pes sont les femmes qui accomplissent le plus dans le monde. Tina Fey ajoute enfin quel pays se refuserait l’opportunité d’avoir deux co-présidents qualifiés ?
Pendant la campagne de Pennsylvanie, le sénateur de l’Illinois a diffusé un clip mettant en scène les femmes de sa vie sur les chaînes de télévision, à quelques jours de la primaire dans cet Etat. La demi-sœur de M. Obama, Maya Soetoro-Ng, sa femme, Michelle, et sa grand-mère, Madelyn Dunham, qui a élevé avec son mari le jeune Barack Obama, soulignent dans cette vidéo d'une trentaine de secondes les qualités humaines du sénateur de l'Illinois. Face à l’enjeu crucial du scrutin (désigner définitivement le candidat démocrate), cette offensive envers le vote féminin disputé à Hillary Clinton illustre la nécessité de gagner les voix féminines pour l’emporter.
Par ailleurs, mi-mai, Barack Obama a reçu le soutien officiel reçu le soutien de Naral, la plus importante organisation de défense du droit à l'avortement aux Etats-Unis.
Le clip We Are The One(s) Song souligne plus clairement cette orientation réaffirmée à la veille du Second Super Tuesday. Tout comme Yes We Can Song, la vidéo vise d’abord à faire connaître le nom d'Obama et inciter les (jeunes) Américains à voter pour lui. Mais par rapport au précédent titre, We Are The One(s) Song accorde une plus grande place aux Hispaniques (texte en Espagnol, présence de personnalités issues de la communauté hispanique), sans oublier les Afro Américains. Ainsi, les primaires du Texas et la conquête des voix hispaniques sont bien présentes dans les têtes des producteurs du clip lors de sa réalisation.
Si Barack Obama est parvenu tardivement à capter une partie du vote hispanique au cours de la campagne, les résultats doivent être nuancés. Le sénateur candidat a plutôt réussi à gagner les voix des jeunes hispaniques alors que sa percée auprès des générations adultes demeure plus difficile en raison du maintien de leur fidélité au camp Clinton. Les victoires précédentes le Super Tuesday ont donc incité l’équipe de campagne à élargir les bases sociologiques électorales de Barack Obama afin de maintenir le momentum.
Dans cette perspective, le soutien de nombreuses personnalités d’Hollywood et du showbiz en faveur du candidat Barack Obama s’est avéré crucial. Cette mobilisation repose sur une nouvelle génération de stars engagées politiquement suite à ces primaires dont l’influence auprès du public jeune est réelle. D’ailleurs, les figures les plus emblématiques apparaissent dans les vidéos des chansons signées Will I Am, du célèbre groupe des Black Eyes Peas. Parmis ces people capables d’attirer les jeunes, le sénateur de l’Illinois peut compter sur l’appui de Will Smith, Edward Newton, Matt Damon, Ben Affleck, Wyclef Jean, Scarlett Johansson, Jessica Alba, Anna David, Zoe Kravitz, Usher, Kerry Washington, Nicole Scherzinger...
Mieux, l’équipe de campagne a eu aussi recours à des techniques de communication audacieuses exploitées d’une manière inédite. Si le sénateur de l’Illinois n’est pas le premier candidat à enthousiasmer la jeunesse américaine et à solliciter leur participation dans la campagne, il semble avoir convaincu les jeunes de la nécessité de canaliser cette passion politique jusqu’au bureau de vote.
La candidature de Barack Obama a séduit de nombreux étudiants au point d’avoir suscité des groupes de soutien spontanés dans pratiquement tous les campus américains avant le lancement de la campagne. Une mobilisation s’opère sur Internet notamment à travers les réseaux sociaux MySpace et Facebook ou les sms des téléphones portables. Les numéros de portable sont enregistrés dans des bases de données et peuvent être ainsi plus facilement utilisés que ceux des téléphones fixes. Pour les équipes de campagne, les textos offrent un moyen personnel et rapide pour envoyer des consignes auprès des étudiants. Par exemple, le jour du scrutin, ils permettent de diffuser des messages ciblés indiquant l’adresse et les heures d’ouverture des bureaux ainsi qu’un numéro de téléphone pour toute forme de renseignement.
Si le slogan Change - Yes We Can correspond aux attentes des Américains, Barack Obama a su convaincre mais aussi mobiliser autour de sa candidature. Un marketing électoral audacieux et progressivement élargi lui a permis de concurrencer et de distancier sa rivale Hillary Clinton dans la course à l’investiture démocrate. Cette communication politique a suscité un enthousiasme assez puissant tout en reposant sur une demande électorale. Elle témoigne des stratégies, des capacités d’analyse et des choix risqués de Barack Obama. Toutefois, pour conquérir la Maison Blanche, il reste au sénateur de l’Illinois à s’imposer auprès de certains publics notamment celui des cols bleus.