Les démocrates n’ayant pu encore introniser leur candidat à la présidence, et avec un calendrier électoral prévoyant la prochaine consultation tardivement en Pennsylvanie le 22 avril, les primaires du Parti de l'âne s’enlisent. Elles se transforment en une lutte fratricide au sein du Parti. Pire, la victoire de novembre quasi acquise au début de la campagne s’éloigne à la lecture des derniers sondages qui annoncent John McCain gagnant aussi bien face à Barack Obama que face à Hillary Clinton.
Les affaires mêlant indirectement les candidats et les phrases assassines (« On ne choisit pas sa famille, a déclaré Hillary Clinton mardi 25 mars. Mais on choisit l'Eglise à laquelle on appartient ») révèlent la lutte acharnée au sein du camp démocrate. Les anciens propos calomnieux du pasteur Wright qui a marié Barack Obama et baptisé ses deux filles (« Dieu maudissent l’Amérique »), le scandale impliquant dans un réseau de prostitution Eliot Spitzer, le gouverneur de New York, un proche d’Hillary Clinton, le témoignage (finalement contradictoire) devant prouver l’expérience en matière de politique étrangère de l’ex First Lady lors d’un voyage en Bosnie en mars 1996, entachent l’image des démocrates dans le pays.
Madame Clinton donnée vainqueur au début des primaires, aujourd'hui accusant un net retard face à son adversaire, a investi une part importante de sa fortune personnelle dans le financement de sa campagne. Dans ses conditions, elle peut difficilement retirer sa candidature. Quoiqu’il en soit, sa crédibilité est plus touchée que celle de son rival. En effet, le sénateur de l’Illinois a pu exploiter au mieux les attaques en prononçant un discours souvent qualifié d’historique à Philadelphie le 18 mars 2008. Tout en s’expliquant sur sa relation avec le pasteur Wright et en condamnant ses propos, Barack Obama a su convaincre en se présentant comme le candidat de tous les Américains, non celui d’une minorité. Il est apparu en futur président des Etats-Unis crédible.
Dans ce contexte difficile pour les démocrates, le nom d’Al Gore resurgit pour mener le Parti à la victoire. Mardi dernier, un représentant de la Floride, Tim Mahoney a publiquement envisagé que le prix Nobel de la Paix soit finalement désigné par la Convention démocrate de Denver fin août. Pour ce super délégué, seul Al Gore peut incarner le rôle de candidat du compromis. Il précise que si la convention aboutit sur une impasse, le parti pourrait accepter un « dream ticket » sous la forme Gore-Clinton ou Gore-Obama. Sans exclure de tenter sa chance une nouvelle fois, Al Gore n’a pas répondu à cet appel.
Ce duel démocrate profite au candidat républicain John McCain qui poursuit sa campagne. Après son retour d’un voyage à l’étranger au Proche Orient et en Europe, un deuxième clip vidéo destiné à la télévision est sorti. Le sénateur de l’Arizona est présenté comme « le président américain que les Américains attendent ».
Comme dans le précédent spot Man In The Arena, le message politique insiste sur deux éléments incarnant le candidat : son refus d’abandonner face à l’adversité érigé en valeur américaine, un homme qui a toujours servi l'Amérique comme en témoignent les images de l’ex-vétérant de la guerre du Vietnam épelant son numéro matricule 624787… Son expérience de la guerre justifie sa position sur le maintien des troupes en Irak, conflit souvent comparé à la guerre du Vietnam. Justement blessé au Vietnam, il est conscient des enjeux de sa position de fermeté sur la guerre en Irak qui s’inscrit alors comme un engagement responsable et historique… contrastant avec les querelles partisanes démocrates.