vendredi 9 janvier 2009

UMP : Horizon 2012 (1/2)

Voici la première partie d’un article publié sur contre-feux.com

http://www.contre-feux.com/politique/ump-horizon-2012-12.php

Deuxième et dernier volet à paraître prochainement…

Avec la nomination de Patrick Devedjian au gouvernement et la promotion de Xavier Bertrand à l'UMP, Nicolas Sarkozy marque son retour dans la vie politique nationale avant même la fin de la présidence française de l'Union européenne. Quels sont les enjeux de ces changements à la tête de l’UMP ?

Le 5 décembre 2008, Nicolas Sarkozy a nommé Patrick Devedjian ministre chargé de l'exécution du plan de relance économique. A la tête de l'UMP depuis le 25 septembre 2007, cet avocat de formation, proche du chef de l’Etat, qui a déjà été plusieurs fois ministre, a démissionné de sa fonction de secrétaire général du parti présidentiel immédiatement après son entrée au gouvernement.

Le remplaçant du maire d’Antony sera désigné le 24 janvier à l'occasion d'un bureau politique. L'intérim sera notamment assuré par Xavier Bertrand, actuel ministre du Travail, pressenti comme successeur. Le député de l’Aisne quittera le gouvernement Fillon lors du remaniement prévu en janvier 2009. Quels sont les enjeux de ces changements à la tête de l’UMP qui affectent la composition du gouvernement ?

Un changement lié au contexte

D’abord, la crise économique mondiale contrarie les promesses du candidat Sarkozy. La politique volontariste de relance de la croissance ralentit le rythme des réformes. Pour les deux années à venir, la politique du gouvernement entre dans une phase nouvelle de gestion des affaires plus que de réformes (un deuxième plan de relance est envisagé) d’autant que les rapports sociaux commencent à se tendre par rapport au début du quinquennat (oppositions au départ à la retraite à 70 ans et au travail dominical, colère des lycéens…).

Puis, il faut prendre en compte l’élection mouvementée de Martine Aubry à la tête du Parti socialiste. Si la division socialiste reste d’actualité, il apparaît clairement que la maire de Lille va tenter de réveiller le PS tout en menant des chantiers difficiles (élaborer un programme et une stratégie de reconquête du pouvoir, rassembler tous les courants socialistes, scrutins européen et régional…). Dans cette perspective, il convient de remobiliser l’UMP face aux futures attaques du PS.

Enfin, le calendrier de l’action présidentielle arrive à un tournant en 2009. La France quitte la présidence de l’Union européenne à laquelle Nicolas Sarkozy a impulsé un dynamisme visible. Son retour sur la scène intérieure s’opère à mi-mandat interrogeant sur un éventuel remaniement ministériel capable de relancer la politique gouvernementale qui se concrétise avec les changements à la tête de l’UMP.

Une reprise en main très présidentielle

Le conseil national de l’UMP du 24 janvier, en présence de son véritable chef, Nicolas Sarkozy, devrait entériner la nouvelle direction de l’UMP. Cette dernière sera ainsi pilotée par deux proches du président de la République. Dans cette réorganisation, Xavier Bertrand assurera alors la direction fonctionnelle de l’UMP tandis que Brice Hortefeux devrait avoir la haute main sur les investitures.

Du coup, quelques modifications s’imposent dans le gouvernement François Fillon. Brice Hortefeux devrait quitter l'Immigration, où Éric Besson pourrait lui succéder, pour un ministère des Affaires sociales aux attributions plus étendues que l'actuel ministère du Travail de Xavier Bertrand. Ce dernier sera confirmé au poste de secrétaire général de l'UMP lors du conseil national. Toutefois, le calendrier exact de ces changements reste à confirmer.

Le nouveau numéro un par intérim de l’UMP, Xavier Bertrand, prend son poste dans un contexte difficile : préparer et gagner les élections européennes de 2009. Il a déjà commencé à mettre le parti en ordre de bataille, notamment en cherchant à recruter en nombre de nouveaux adhérents pour grossir les rangs du parti face un PS qui risque de devenir plus combattif. S’inspirant de la campagne de Barack Obama, et selon les idées établies lors de l’université d’été début septembre, l’outil internet est privilégié. S’il s’avère très difficile d’augmenter le nombre de militants à l’ancienne, faire participer davantage de personnes grâce à Internet s’impose comme la solution du moment. Aussi, depuis quelques mois, sous la houlette du député de l’Aisne, une task force de communicants travaille à une profonde refonte du site de l’UMP.

Aussi, pour limiter les ambitions de Xavier Bertrand à la tête du parti présidentiel, qui a rallié le camp sarkozyste seulement en décembre 2006, le Président de la République a confié la commission des investitures à un ami de trente ans, Brice Hortefeux, aux dépens du vieillissant et encombrant Jean-Claude Gaudin. Le ministre de l’Immigration prend ainsi davantage d’importance au sein de l’UMP, pouvant surveiller de près le secrétaire général, surtout s'il s'occupe des élections, voire des investitures.

Construire l’avenir

En installant à la tête du parti le tandem Bertrand-Hortefeux, le chef de l’Etat prouve qu’il respecte encore une fois ses engagements. Souvenons-nous qu’il avait promis «encore du changement, et beaucoup» au sein de l’UMP. Un effort devrait également porter sur le renouvellement générationnel des cadres du parti. Le mouvement a été lancé par Patrick Devedjian.

Lors des dernières élections des comités départementaux qui élisent le président de leur fédération, le taux de renouvellement des cadres intermédiaires du parti s’élève à plus de 50 % des sièges, laissant parfois la place à des jeunes, comme Romain Gryska, 20 ans, dans les Hautes-Alpes, ou Samia Soultani, 35 ans, en Mayenne. Toutefois, une nuance s’impose : un président de fédération sur trois seulement a changé cette année. Edouard Courtial, responsable des fédérations à l’UMP, s’en explique «C'est un poste où l'expérience compte énormément. Il y a tout de même davantage de femmes et de jeunes qu'auparavant

Il est intéressant de noter que cette vitalité vise à envisager l’avenir dans le long terme du parti de la majorité. Il s’agit de préparer la succession des anciens leaders, tels Jean-Claude Gaudin, Jean-Pierre Raffarin, ou encore Patrick Devedjian, tout comme l’arrivée de nouvelles figures comme Jean Sarkozy. Aussi, il sera intéressant d’observer dans quelle mesure ce renouvellement sera favorable au courant sarkozyste.

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