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samedi 25 octobre 2008

Barack Obama n'a pas encore gagné

Les sondages placent Barack Obama en tête des sondages ? Malgré l’avance annoncée, le sénateur de l’Illinois n’a pas encore gagné le scrutin du 4 novembre. Quels sont les enjeux de ces quinze derniers jours de campagne ?

« We Can Change ». La victoire du candidat démocrate annoncée par les sondages peut-elle correspondre à une rupture dans l’histoire électorale américaine, c’est-à-dire à un changement de régime et des mentalités à l’image des scrutins de 1932 et de 1980 pour reprendre l’une des idées clés du stimulant essai de Bernard E. Brown Tout ce que vous avez voulu toujours savoir sur les élections américaines (Autrement, 2008) ? Avant de répondre, il ne faut pas perdre de vue que Barack Obama n’a pas encore gagné le scrutin.

Pour lire la suite de cet article sur contre-feux.com, cliquez sur le lien suivant

http://www.contre-feux.com/politique/barack-obama-na-pas-encore-gagne.php

jeudi 18 septembre 2008

Pourquoi je pense qu'Obama peut craindre de ne pas être élu


L’élection présidentielle n’est pas encore jouée. L’écart dans les sondages demeure serré. L’image d’intellectuel dont souffre Barack Obama et l’issue de la crise russo-géorgienne risquent fortement de peser dans le choix des électeurs le 4 novembre 2008.

Guy Millière a ouvert un débat dans les "colonnes" de contre-feux.com en proposant un article intitulé Pourquoi je pense qu’Obama ne sera pas élu auquel Barthélémy Courmont a répondu Pourquoi je pense qu’Obama sera élu.

Outre-Atlantique, la campagne présidentielle se poursuit et le sénateur de l’Illinois peut craindre de ne pas être élu. Le regard porté dans les deux stimulantes contributions citées paraît parfois trop européen. Dans les sondages, l’écart entre les deux candidats a toujours été serré. Sans prétendre apporter une analyse digne de Cassandre, il convient de nuancer et d’intégrer des éléments d’analyse complémentaires sur les enjeux à venir.

Lire la suite de l’article sur contre-feux.com :

http://www.contre-feux.com/politique/pourquoi-je-pense-quobama-peut-craindre-de-ne-pas-etre-elu.php

dimanche 31 août 2008

Défendre le rêve américain

Voici les principaux points du discours de Barack Obama à la Convention démocrate de Denver, jeudi 28 août 2008

LE REVE AMERICAIN

«Nous sommes à un de ces moments uniques, un moment où notre nation est en guerre, notre économie dans la tourmente et le rêve américain à nouveau menacé».

«La promesse américaine, c'est l'idée que nous sommes responsables de nous-mêmes mais aussi que nous tombons et nous relevons comme un seul pays. C'est cette promesse qui a toujours fait de ce pays un pays pas comme les autres. Si on travaille dur et que l'on fait des sacrifices, chacun d'entre nous peut atteindre son rêve et au-delà se rassembler dans la grande famille américaine pour s'assurer que la prochaine génération pourra à son tour poursuivre ce rêve».

SA CANDIDATURE

«Je sais bien que je suis un candidat improbable. Je n'ai pas le pedigree idéal. Je n'ai pas passé ma carrière dans les allées du pouvoir».

«Mais je suis devant vous ce soir parce que dans tous les Etats-Unis, quelque chose est en train de se passer. Ce que ceux qui dénigrent ne comprennent pas, c'est que dans cette élection, il ne s'est jamais agi de moi. Il s'est agi de vous».

JOHN MCCAIN

«Le bilan est clair: John McCain a voté (au Congrès) avec George W.Bush 90% du temps. Le sénateur McCain aime bien parler de jugement, mais vraiment, qu'est-ce que veut dire votre jugement, lorsque vous pensez que George W. Bush avait raison à plus de 90%? Je ne sais pas pour vous, mais je ne suis pas prêt à miser sur 10%».

«Je ne pense pas que le sénateur McCain se moque de ce qui se passe dans la vie des Américains. Je pense simplement qu'il ne le sait pas. Autrement, pourquoi définirait-il la classe moyenne comme (ceux) qui gagneraient moins de 5 millions de dollars par an ?».

«Comment pourrait-il proposer des centaines de millions de dollars d'exonérations fiscales aux grandes entreprises et aux compagnies pétrolières, mais pas un centime d'allègements fiscaux pour plus d'une centaine de millions d'Américains ?. Comment pourrait-il proposer un plan de couverture maladie qui taxerait les salaires, ou un projet sur l'éducation qui ne ferait rien pour aider les familles à payer l'université, ou un plan qui privatiserait la caisse nationale de retraite et jouerait votre pension au casino ?

ECONOMIE

«Contrairement à John McCain, je vais arrêter de donner des exonérations fiscales aux grandes entreprises qui délocalisent leurs postes à l'étranger, et je vais commencer à les donner à des entreprises qui créent des bons emplois, ici aux Etats-Unis».

«Je vais éliminer les impôts sur les bénéfices des petites entreprises et les start-ups qui vont créer les emplois bien payés, de haute technologie de demain».

«Je vais réduire les impôts, je le répète, réduire les impôts pour 95% des foyers de gens qui travaillent. Parce que dans une économie comme celle-ci, la dernière chose que nous devrions faire est d'augmenter les impôts de la classe moyenne».

ENERGIE

«Pour le salut de notre économie, notre sécurité, et l'avenir de notre planète, je vais nous fixer un but clair en tant que président: en 10 ans, nous allons mettre enfin un terme à notre dépendance en pétrole venu du Moyen-Orient».

«En tant que président, je puiserai dans nos réserves de gaz naturel, j'investirai dans une technologie de charbon propre et trouverai des moyens de maîtriser l'énergie nucléaire de façon sûre».

«J'investirai 150 milliards de dollars dans la prochaine décennie dans des sources d'énergie renouvelables, bon marché, l'énergie solaire et éolienne, ainsi que les nouvelles générations de biocarburants. Un investissement qui va conduire à de nouvelles activités et cinq millions de nouveaux emplois qui paieront bien et ne pourront jamais être délocalisés».

EDUCATION

«Je vais investir dans l'éducation dès la petite enfance. Je vais recruter une armée d'enseignants, les payer davantage et mieux les soutenir. Et en échange, je demanderai des critères plus élevés et plus de responsabilité».

SANTE

«Le temps est désormais venu de tenir la promesse d'un système de santé bon marché et accessible à tout Américain. Si vous avez déjà une assurance maladie, mon projet fera baisser vos primes. Si vous n'en avez pas, vous pourrez obtenir la même couverture que les membres du Parlement se sont accordé».

SECURITE NATIONALE

«Si John McCain veut débattre sur la question de savoir qui a le tempérament et le discernement pour devenir le prochain commandant en chef, c'est un débat que je suis prêt à avoir».

«En tant que commandant en chef, je n'hésiterai jamais à défendre ce pays, mais j'enverrai nos soldats risquer leur vie seulement pour une mission claire et avec l'engagement sacré qu'ils auront tout l'équipement nécessaire pour combattre et qu'ils bénéficieront des soins et des aides qu'ils méritent quand ils rentreront».

«Ne me dites pas que les démocrates n'assureront pas votre sécurité. La politique étrangère des Bush et McCain a dilapidé l'héritage que des générations d'Américains, démocrates et républicains, avaient construit, et nous sommes ici pour rétablir cet héritage».

AFGHANISTAN, IRAK, 11 SEPTEMBRE, GEORGIE

«Lorsque le sénateur McCain tournait son regard vers l'Irak juste après le 11-Septembre, je me suis levé et me suis opposé à cette guerre, sachant qu'elle allait nous faire perdre de vue les vrais dangers qui nous menacent.

«Lorsque John McCain a dit que nous pouvions nous en sortir en Afghanistan, j'ai demandé plus de ressources et de soldats afin de terminer le combat contre les vrais terroristes qui nous ont attaqué le 11-Septembre, et j'ai été clair sur le fait que nous devions éliminer Oussama Ben Laden et ses adjoints si nous les avions dans notre ligne de mire».

«Je mettrai fin à cette guerre en Irak de façon responsable, et terminerai le combat contre Al-Qaïda et les talibans en Afghanistan. Je reconstruirai notre armée pour pouvoir répondre aux futurs conflits. Mais je reprendrai aussi une diplomatie directe et sans compromis qui peut empêcher l'Iran de se doter d'armes nucléaires et faire plier l'agression russe en Géorgie.

«On ne vainc pas un réseau terroriste qui opère en même temps dans 80 pays en occupant l'Irak. On ne protège pas Israël en dissuadant l'Iran simplement en parlant fort à Washington. On ne peut pas vraiment soutenir la Géorgie lorsqu'on a éprouvé nos alliances les plus anciennes».

CONTROLE DES ARMES

«Posséder des armes peut être différent pour des chasseurs dans les campagnes de l'Ohio où pour ceux qui souffrent de la violence des gangs à Cleveland, mais ne me dites pas que nous ne pouvons pas maintenir le deuxième amendement (de la Constitution qui donne le droit de porter des armes, ndlr) tout en évitant que des AK-47 se retrouvent dans des mains de criminels».

IMMIGRATION

«L'immigration provoque des débats passionnés, mais je ne connais personne qui profite lorsqu'une mère est séparée de son bébé ou quand un employeur réduit les salaires des Américains en embauchant des travailleurs clandestins».

DROITS DES HOMOSEXUELS

«Je sais qu'il y a des différends sur la question du mariage homosexuel, mais certainement, nous pouvons nous mettre d'accord sur le fait que nos frères homosexuels et nos soeurs lesbiennes ont le droit de rendre visite à l'hôpital à la personne qu'ils aiment et vivre libres de toute discrimination».

samedi 9 août 2008

Barack Obama, premier candidat de la mondialisation

Obama Superstar ? Au retour de la tournée triomphale de Barack Obama en Europe et au Proche Orient, la question mérite d’être posée. L’équipe du candidat républicain John McCain, son principal rival à l’élection présidentielle, répond positivement. Elle vient de diffuser un spot de publicité négative intitulé Celeb, qui compare le sénateur de l’Illinois à une star mondiale telles Paris Hilton ou Britney Spears, et qui interroge donc sur sa capacité réelle à gouverner.

En fait, l’association candidat Obama – rock star révèle le monde post-guerre froide. Au monde bipolaire, divisé entre deux blocs, a succédé un monde pacifié, ouvert, d’échanges sans cesse croissants et interdépendant, celui la mondialisation. L’obamania a pris un caractère planétaire en raison de l’organisation des relations internationales actuelle marquée par l’hyperpuissance des Etats-Unis et la mondialisation qui élève cette élection présidentielle américaine au rang d’élection planétaire. Plus qu’une superstar, le sénateur Obama peut être considéré comme le premier candidat de la mondialisation qui incarne son époque et son message. Trois niveaux de lectures illustrent notre affirmation.


1. Par son histoire personnelle

Notre époque est celle de la famille mondialisée et éclatée. Les origines de Barack Obama, qui mêlent la Chine (où vit un demi-frère), l’Indonésie, le Kenya (les racines paternelles) et Hawaii (lieu de naissance), sont à l’image d’un monde en flux permanent. Sa candidature est « une métaphore des nouvelles identités composites à l'ère de la mondialisation. » (Christian Salmon)


2. Par un recours inédit à Internet

Internet est l’instrument par excellence de la mondialisation. Il permet de relier instantanément les différentes parties du Monde. La Toile participe à une diffusion maximale et rapide des informations. La campagne des primaires a ainsi pénétré au-delà des Etats-Unis dans des millions de foyers curieux du duel opposant pour la première fois un candidat métis à une candidate ancienne first-lady. Avec You-Tube, les internautes du monde entier ont pu visionner en boucles les discours du candidat.

Depuis le début de la campagne, l’usage d’Internet a été privilégié par l'équipe de Barack Obama. Elle a utilisé très tôt le potentiel du Réseau pour organiser, mobiliser, récolter des fonds et faire participer militants et sympathisants. Grâce à my.barackobama.com, ou MyBO, un site de réseau social créé avec l'aide d'un des fondateurs de Facebook, un demi-million de personnes peuvent partager des informations, organiser des rassemblements ou tout simplement faire passer un message.

Cette nouvelle façon de communiquer renforce les liens entre le candidat et ses électeurs potentiels. Elle renvoie l’image positive d’un candidat dynamique et confirme son discours de rupture. Par ailleurs, Barack Obama propose un projet de démocratie participative reposant sur le recours à Internet, envisageant même des « chats au coin du feu ».


3. Par son discours

Le programme du candidat Obama, sorte de nouvelle frontière du XXIe siècle, ne s’adresse pas uniquement aux Américains. En voulant réconcilier les Etats-Unis avec le reste du monde, le sénateur de l’Illinois intègre une nouvelle échelle géographique dans son discours et intéresse ainsi une grande partie de la population mondiale.

Ainsi, son succès en Europe est notamment lié à sa volonté de mettre fin à l’isolationnisme américain. A Berlin, Barack Obama a lancé un appel à la « nouvelle génération, notre génération (…) Le XXIe siècle s'est ouvert sur un monde plus interdépendant que jamais (…) Ce rapprochement a entraîné de nouveaux dangers qui ne peuvent pas être endigués par les frontières ou les océans (…) Aucune nation, aussi grande et aussi puissante soit-elle, ne peut relever seule ces défis»


La candidature du sénateur Barack Obama porte en elle deux messages. Elle est le symbole que le rêve américain reste vivant. Elle rend compte au Monde que l’Amérique est entrain de changer. Mais comme le souligne Justin Vaïsse, « Obama ou McCain, il n’y aura pas de révolution en politique étrangère ».

Reste à savoir, si l'électorat américain, davantage préoccupé par les prix du pétrole et les saisies immobilières, est prêt à élire un candidat de la mondialisation.

lundi 26 mai 2008

Le marketing électoral de Barack Obama

La chanteuse Nicole Scherzinger apporte son soutien à l’association Rock The Vote qui milite pour l’inscription sur les listes électorales et le vote des jeunes. Lors de cette soirée de lancement d’un T-Shirt « Rock The Vote » à Beverly Hills le 13 novembre 2007, elle porte le badge « Obama For President ». Elle participe également au clip de Will I Am « Yes We Can ».



La victoire de Barack Obama dans les primaires démocrates ne doit rien au hasard. Annoncé comme perdant dès la première primaire, le momentum dont il a su bénéficier et exploiter a permis d’identifier le candidat démocrate au rêve américain, notamment par son parcours personnel et sa réussite. Candidat métis, le discours du sénateur de l’Illinois n’a cessé de le présenter comme le représentant de tous les Américains, non celui des Afro-Américains. Mais le thème central et volontaire de sa candidature bâti autour du changement ("Yes We Can Change") ne saurait suffire à expliquer ses victoires dans un grand nombre d’Etats et la durée de l’affrontement qui l’a opposé à sa rivale Hillary Clinton. Il s’est accompagné d’un marketing électoral défini par une équipe de campagne ingénieuse dirigée par David Axelrod.

Pour gagner une élection, chaque candidat doit moins concentrer ses efforts sur la mobilisation de son camp déjà acquise que sur la captation du vote des indécis. De plus, dans le cadre des primaires américaines, il s’agit de sonder l’opinion sur la popularité des candidats à l’investiture et de choisir le meilleur présidentiable. Barack Obama et son équipe ont donc déployé une stratégie électorale assez audacieuse visant à recueillir le maximum de suffrages auprès de publics diversifiés et aux intérêts non nécessairement communs : électeurs indépendants, femmes, jeunes, minorités. Candidat considéré comme issu des minorités, le jeune sénateur devait innover et rassembler le plus largement possible pour s’imposer comme un candidat crédible dans une Amérique encore marquée par les inégalités raciales.

Sans remettre en cause le discours et les qualités personnelles de Barack Obama, le marketing dynamique établi – reposant sur une représentation de la société comme somme de segments – explique peut-être le retard pris par sa rivale Hillary Clinton qui, sure de son expérience, aurait mené alors une campagne plus traditionnelle. Sans sous-évaluer le poids des cultures politiques traditionnelles, il convient d’observer une approche sociologique segmentée efficace au travers d’actions significatives et parfois quasi-inédites notamment en direction de la jeunesse américaine.



D’abord, pour le sénateur de l’Illinois, le vote féminin demeure plus difficile à mobiliser dans un pays où le lobbying féministe est puissant. La série télévisée The West Wing (A la Maison Blanche) en témoigne. Les scénaristes ont créée le personnage d’Amy Gardner, conseillère politique et féministe engagée, incarnée par Mary Louise Parker.

Si Barack Obama peut jouer de son charisme pour séduire le vote des femmes, il doit faire face au puissant lobbying féministe qui ne peut manquer l’occasion de voir une femme devenir présidente des Etats-Unis. Pendant cette campagne, il a montré sa présence à plusieurs reprises notamment à la veille du second Super Tuesday. Lors de l’émission Saturday Night Live précédent le scrutin, Tina Fey, comédienne féministe, prend à partie les femmes qui refusent de voter Hillary Clinton sous prétexte qu’elle est sévère et une sal*pe (bitch). Elle cite les nonnes catholiques austères qui l’ont si bien éduquée en insistant que les sal*pes sont les femmes qui accomplissent le plus dans le monde. Tina Fey ajoute enfin quel pays se refuserait l’opportunité d’avoir deux co-présidents qualifiés ?

Pendant la campagne de Pennsylvanie, le sénateur de l’Illinois a diffusé un clip mettant en scène les femmes de sa vie sur les chaînes de télévision, à quelques jours de la primaire dans cet Etat. La demi-sœur de M. Obama, Maya Soetoro-Ng, sa femme, Michelle, et sa grand-mère, Madelyn Dunham, qui a élevé avec son mari le jeune Barack Obama, soulignent dans cette vidéo d'une trentaine de secondes les qualités humaines du sénateur de l'Illinois. Face à l’enjeu crucial du scrutin (désigner définitivement le candidat démocrate), cette offensive envers le vote féminin disputé à Hillary Clinton illustre la nécessité de gagner les voix féminines pour l’emporter.

Par ailleurs, mi-mai, Barack Obama a reçu le soutien officiel reçu le soutien de Naral, la plus importante organisation de défense du droit à l'avortement aux Etats-Unis.



Ensuite, la mobilisation des minorités a été au cœur des préoccupations, dans la mesure où le Parti démocrate est leur représentant. Dans un premier, l’effort a été naturellement orienté vers les Afro Américains. Puis, à la veille du Super Tuesday, l’équipe d’Axelrod a commencé à rallier plus significativement les Hispaniques qui soutiennent Hillary Clinton, en mémoire de la politique dont ils ont bénéficié sous les mandats de son mari. L’enjeu avait son importance pour la suite des primaires, puisque parmi les nombreux Etats à gagner lors de ce scrutin, la Californie, Etat le plus peuplé avec une forte communauté de Latinos, était en lice.

Le clip We Are The One(s) Song souligne plus clairement cette orientation réaffirmée à la veille du Second Super Tuesday. Tout comme Yes We Can Song, la vidéo vise d’abord à faire connaître le nom d'Obama et inciter les (jeunes) Américains à voter pour lui. Mais par rapport au précédent titre, We Are The One(s) Song accorde une plus grande place aux Hispaniques (texte en Espagnol, présence de personnalités issues de la communauté hispanique), sans oublier les Afro Américains. Ainsi, les primaires du Texas et la conquête des voix hispaniques sont bien présentes dans les têtes des producteurs du clip lors de sa réalisation.

Si Barack Obama est parvenu tardivement à capter une partie du vote hispanique au cours de la campagne, les résultats doivent être nuancés. Le sénateur candidat a plutôt réussi à gagner les voix des jeunes hispaniques alors que sa percée auprès des générations adultes demeure plus difficile en raison du maintien de leur fidélité au camp Clinton. Les victoires précédentes le Super Tuesday ont donc incité l’équipe de campagne à élargir les bases sociologiques électorales de Barack Obama afin de maintenir le momentum.



Enfin, Axelrod et son équipe ont cherché à mobiliser les suffrages d’une autre catégorie d’Américains qui votent habituellement très peu mais dont l’importance peut s’avérer capitale pour décrocher la victoire : les jeunes.

Dans cette perspective, le soutien de nombreuses personnalités d’Hollywood et du showbiz en faveur du candidat Barack Obama s’est avéré crucial. Cette mobilisation repose sur une nouvelle génération de stars engagées politiquement suite à ces primaires dont l’influence auprès du public jeune est réelle. D’ailleurs, les figures les plus emblématiques apparaissent dans les vidéos des chansons signées Will I Am, du célèbre groupe des Black Eyes Peas. Parmis ces people capables d’attirer les jeunes, le sénateur de l’Illinois peut compter sur l’appui de Will Smith, Edward Newton, Matt Damon, Ben Affleck, Wyclef Jean, Scarlett Johansson, Jessica Alba, Anna David, Zoe Kravitz, Usher, Kerry Washington, Nicole Scherzinger...

Mieux, l’équipe de campagne a eu aussi recours à des techniques de communication audacieuses exploitées d’une manière inédite. Si le sénateur de l’Illinois n’est pas le premier candidat à enthousiasmer la jeunesse américaine et à solliciter leur participation dans la campagne, il semble avoir convaincu les jeunes de la nécessité de canaliser cette passion politique jusqu’au bureau de vote.

La candidature de Barack Obama a séduit de nombreux étudiants au point d’avoir suscité des groupes de soutien spontanés dans pratiquement tous les campus américains avant le lancement de la campagne. Une mobilisation s’opère sur Internet notamment à travers les réseaux sociaux MySpace et Facebook ou les sms des téléphones portables. Les numéros de portable sont enregistrés dans des bases de données et peuvent être ainsi plus facilement utilisés que ceux des téléphones fixes. Pour les équipes de campagne, les textos offrent un moyen personnel et rapide pour envoyer des consignes auprès des étudiants. Par exemple, le jour du scrutin, ils permettent de diffuser des messages ciblés indiquant l’adresse et les heures d’ouverture des bureaux ainsi qu’un numéro de téléphone pour toute forme de renseignement.



Cette mobilisation a été rendue possible par la mise en place d’une véritable machine électorale, surnommée The Movement (le Mouvement). Il s’agit d’un gigantesque réseau de volontaires et de professionnels chargé d’animer la campagne du candidat. Ce réseau est souvent comparé à une armée de volontaires qui quadrille l’ensemble des Etats américains. Son efficacité tient dans sa capacité à allier les outils de la téléphonie mobile et de l’Internet du sommet à la base. Son succès repose sur l’interactivité entre les réseaux et une campagne de proximité. Cette dernière a ainsi contribué à être présent et à emporter les nombreux caucus de ces primaires. En négligeant l'importance de ces élections par l'équipe d'Hillary Clinton, certains politologues comme David Karol expliquent en partie la défaite de l'ancienne First Lady .

Si le slogan Change - Yes We Can correspond aux attentes des Américains, Barack Obama a su convaincre mais aussi mobiliser autour de sa candidature. Un marketing électoral audacieux et progressivement élargi lui a permis de concurrencer et de distancier sa rivale Hillary Clinton dans la course à l’investiture démocrate. Cette communication politique a suscité un enthousiasme assez puissant tout en reposant sur une demande électorale. Elle témoigne des stratégies, des capacités d’analyse et des choix risqués de Barack Obama. Toutefois, pour conquérir la Maison Blanche, il reste au sénateur de l’Illinois à s’imposer auprès de certains publics notamment celui des cols bleus.

mercredi 7 mai 2008

West Wing 2008 : Les parodies

Empire Strikes Barack

« Dans la longue histoire du monde, seules quelques générations se sont vues accorder le rôle de défendre la liberté à un moment de danger maximum…. C’est le choix que notre nation doit faire… »

Voici un résumé des primaires démocrates dans sa version revisitée L’empire contre attaque (Empire Strikes Back)… réalisée par des partisans du sénateur de l’Illinois. Le duel Barack Obama – Hillary Clinton est comparé à l’affrontement entre le Bien et le Mal, entre le côté clair de la Force (Barack Obama) et le côté obscur (Hillary Clinton). Michelle Obama, l’épouse du candidat, est la princesse Leia, le sénateur Bill Richardson, qui a apporté son soutien à Obama, est Yan Solo, le contrebandier qui se bat aux côtés de Luke Skywalker. L’époux d’Hillary, l’ex-président Bill Clinton, et le président Abraham Lincoln, assassiné en 1865, font également de furtives apparitions, le premier en Palpatine, le second en jedi. Empire Strikes Barack montre les moments forts de la campagne : les résultats des scrutins post super Tuesday, les deux clips de la campagne négative d’Hillary Clinton, la gaffe de l’ex first lady à propos de sa visite en Bosnie, le pasteur Wright, les positions différentes des candidats sur les armes à feu et l’Iran…

McBain For America

Les Simpsons parodient John McCain : McBain For America. Le célèbre « action héro » de la série télé des Simpsons McBain s’inspire de plusieurs acteurs : Arnold Schwarzenegger (la carrure et l’accent), Bruce Willis (McBain rime avec McClane, le héros de Die Hard) et Clint Eastwood (Dirty Harry). Ce clip parodie une publicité de John McCain, présentée dans le post “Fin du momentum démocrate ?” (30 mars 2008). L’identification entre la caricature de l’action man McBain et le candidat républicain John McCain, soutenu par Sylverster Stallone et Arnold Schwarzenegger, fonctionne efficacement.

Clinton Family

En cliquant sur le lien, découvrez un clip comparant la famille Clinton à la famille Adams !!!

http://fr.youtube.com/watch?v=GFxYfMKifkc

La vidéo a été réalisée pendant la campagne du New Hampshire au début des primaires par Step On Me 2008 qui a interrogé tous les candidats sur les nécessités de soutenir la création de 300 emplois dans le monde des start-ups. Le désintérêt des candidats sur la question a encouragé Step On Me 2008 à produire une série de clips pour chacun d’eux… Le meilleur reste celui consacré la famille Clinton !!!

« Ils sont effrayants, ils sont bizarres
Mystérieux et fantomatiques,
Ils sont tous répugnants…
La famille Clinton !!!

Leur maison est un musée
Que Barbara Streisand vient visiter,
ils ne sont qu’un cri…
La famille Clinton !!!

Trouve une cape de sorcière,
Un balais à grimper,
Nous allons appeler…
La famille Clinton !!! »

mardi 6 mai 2008

Et si tout se jouait en Indiana ? par Charlotte Lepri

Par Charlotte Lepri, chercheuse à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) - IRIS, 5 mai 2008.

Ce sont des primaires hors normes.

Depuis plusieurs mois, chaque primaire dans le moindre Etat de l’Amérique est scrutée avec la plus grande attention. A chaque fois, le moment est présenté comme décisif.

Après la Pennsylvanie, c’est au tour de l’Indiana de focaliser toutes les attentions et tous les regards dans ces interminables primaires démocrates. Moment furtif de gloire pour ces Etats qui habituellement avaient très peu de poids dans les primaires, et qui venaient souvent confirmer la tendance définie par les premiers Etats votant, tels que l’Iowa ou le New Hampshire. En effet, les Primaires n’ont jamais été faites pour choisir jusqu’au bout le futur candidat. Habituellement, l’issue est connue dès le début du printemps. Les Primaires sont avant tout un moyen de tester la popularité des différents candidats, leur capacité à mener une campagne et à incarner le rôle de Président. Au fur et à mesure, les candidats les moins populaires sont amenés à se retirer, et choisissent pour la plupart de rallier un autre candidat. Généralement, deux ou trois défaites successives suffisent à briser la dynamique d'un candidat et deux ou trois victoires décisives permettent de faire émerger le futur représentant du parti à l’élection.

De même, les Conventions nationales des deux partis, qui cette année se tiendront fin août pour les Démocrates et début septembre pour les Républicains, ont pour principaux objectifs d'approuver le programme politique du parti et d'accepter le choix du candidat et de son colistier. Ce sont avant tout des grandes messes politiques, qui ne sont pas faites pour choisir le candidat.

Si ces primaires sont hors normes, elles ne sont pas non plus tout à fait exceptionnelles. A d’autres périodes de l’histoire américaine, la bataille des primaires a été rude entre les candidats.

En 1964, le parti Républicain était déchiré entre conservateurs et modérés. La bataille des primaires opposa Barry Goldwater, représentant de la faction conservatrice, et Nelson Rockefeller, représentant de la faction modérée. Plus qu’un choix de candidat, il s’agissait de choisir la ligne du parti Républicain dans un pays alors secoué par la question des droits civiques et de la guerre du Vietnam, et à peine remis de l’assassinat de John F. Kennedy. Barry Goldwater ne s’imposa que lors des primaires du 2 juin en Californie. Le candidat démocrate, Lyndon Johnson, remporta l’élection avec une large avance.

Les élections de 1976, qui suivirent le scandale du Watergate et la démission de Richard Nixon, opposèrent dans le camp républicain le Président sortant, Gerald Ford, et Ronald Reagan, le leader populaire de l’aile conservatrice du parti. Le Parti Républicain fut très divisé par des primaires qui s’éternisaient et par un combat féroce entre Reagan et Ford, au point que le choix du candidat n’était toujours pas tranché au moment de la Convention nationale en juin. Ford fut finalement nommé, et perdit l’élection générale contre Jimmy Carter.

En 1984, Ronald Reagan, Président sortant, n'avait pas d'adversaire dans son parti. Aussi, tout s'est joué du côté démocrate entre Walter Mondale, l’ancien Vice-Président de Jimmy Carter et le favori des primaires, Jesse Jackson, le défenseur des droits civiques, et Gary Hart, qui se présentait comme un démocrate modéré et candidat du renouveau. Jesse Jackson se retira assez rapidement, mais Hart remporta des primaires décisives, le permettant d’émerger comme un sérieux concurrent à Mondale. La bataille entre les deux candidats fut âpre, et ne se termina qu’en juin, à quelques jours de la Convention, par la victoire de Walter Mondale. Ce dernier perdit l’élection face à Reagan.

Le point commun entre ces différents exemples est frappant : le parti qui est confronté à des primaires très disputées est défait lors de l’élection générale. S’il ne faut pas voir ici une situation inexorable, des primaires interminables sont souvent symptomatiques d’un véritable débat de fond quant à l’orientation à donner au parti ou la définition d’une ligne claire. Les débats entre les candidats sont souvent le reflet des profondes divisions entre militants et entre élus. Alors que la nécessité est plutôt de ressouder un parti qui se cherche, les divisions entre factions exacerbent les tensions entre les candidats durant les primaires.

En outre, de longues primaires sont pénalisantes pour la future équipe de campagne du candidat : le retard dans la mise en place de l’équipe en charge de la campagne générale, dans une campagne hautement médiatisée qui laisse peu de place à l’amateurisme et au manque de préparation, peut largement hypothéquer les chances de victoire du parti.

Enfin, les questions financières, qui sont d’une importance capitale, deviennent un enjeu de taille pour le parti qui, du fait des longues primaires, doit solliciter à de nombreuses reprises les donateurs. La prolongation du combat, souvent, comme on le voit actuellement, à coup de publicités négatives, épuise et lasse les donateurs.

La confrontation entre Hillary Clinton, candidate expérimentée issue de l’establishment washingtonnien, et Barack Obama, porte-drapeau d’une nouvelle génération politique, reflète la césure au sein du parti Démocrate. Au point que 30% des supporters d’Hillary refuseraient de voter pour Obama s’il était choisi, et 22% des supporters d’Obama refuseraient de voter pour Hillary.

Les prochaines primaires ne permettront pas de départager mathématiquement Barack Obama d’Hillary Clinton. L’objectif pour les deux candidats est aujourd’hui de montrer lequel des deux est le mieux placé pour battre John McCain en novembre prochain, afin de rallier à eux le plus grand nombre de superdélégués.

Les résultats de la plupart des prochains Etats amenés à tenir leurs primaires risquent de ne pas trop créer de surprise : la Caroline du Nord, l’Oregon, le Montana ou le Dakota du Sud sont plutôt donnés favorables à Barack Obama, tandis qu’Hillary Clinton est avantagée en Virginie Occidentale, au Kentucky ou à Puerto Rico. Le dernier Etat clé, où l’indécision est la plus grande, est l’Indiana. Hillary Clinton y était jusqu’à il y a peu donnée favorite, mais Barack Obama voit sa popularité grandir dans cet Etat du Midwest considéré comme un bastion conservateur, et rattrape ainsi son retard dans les sondages.

Une victoire d’Obama dans l’Indiana pourrait permettre de trouver une issue avant juin, date limite fixée par Howard Dean, président du parti Démocrate. Ce dernier, qui craint les effets dévastateurs pour le parti que pourrait avoir une campagne jusqu’en août, a décidé que l'un des deux candidats devra abandonner la course à l'investiture pour la présidentielle après les primaires de juin pour permettre d'unifier le parti et de remporter le scrutin de novembre.

La paradoxe, dans cette campagne réputée « imperdable » pour les démocrates suite à deux mandats d’un George W. Bush à la côte de popularité au plus bas, serait finalement de voir un parti avec deux excellents candidats perdre face au moins mauvais des candidats républicains.

Source : http://www.iris-france.org/Tribunes-2008-05-05.php3

dimanche 30 mars 2008

Fin du momentum démocrate ?

Les démocrates n’ayant pu encore introniser leur candidat à la présidence, et avec un calendrier électoral prévoyant la prochaine consultation tardivement en Pennsylvanie le 22 avril, les primaires du Parti de l'âne s’enlisent. Elles se transforment en une lutte fratricide au sein du Parti. Pire, la victoire de novembre quasi acquise au début de la campagne s’éloigne à la lecture des derniers sondages qui annoncent John McCain gagnant aussi bien face à Barack Obama que face à Hillary Clinton.

Les affaires mêlant indirectement les candidats et les phrases assassines (« On ne choisit pas sa famille, a déclaré Hillary Clinton mardi 25 mars. Mais on choisit l'Eglise à laquelle on appartient ») révèlent la lutte acharnée au sein du camp démocrate. Les anciens propos calomnieux du pasteur Wright qui a marié Barack Obama et baptisé ses deux filles (« Dieu maudissent l’Amérique »), le scandale impliquant dans un réseau de prostitution Eliot Spitzer, le gouverneur de New York, un proche d’Hillary Clinton, le témoignage (finalement contradictoire) devant prouver l’expérience en matière de politique étrangère de l’ex First Lady lors d’un voyage en Bosnie en mars 1996, entachent l’image des démocrates dans le pays.

Madame Clinton donnée vainqueur au début des primaires, aujourd'hui accusant un net retard face à son adversaire, a investi une part importante de sa fortune personnelle dans le financement de sa campagne. Dans ses conditions, elle peut difficilement retirer sa candidature. Quoiqu’il en soit, sa crédibilité est plus touchée que celle de son rival. En effet, le sénateur de l’Illinois a pu exploiter au mieux les attaques en prononçant un discours souvent qualifié d’historique à Philadelphie le 18 mars 2008. Tout en s’expliquant sur sa relation avec le pasteur Wright et en condamnant ses propos, Barack Obama a su convaincre en se présentant comme le candidat de tous les Américains, non celui d’une minorité. Il est apparu en futur président des Etats-Unis crédible.

Dans ce contexte difficile pour les démocrates, le nom d’Al Gore resurgit pour mener le Parti à la victoire. Mardi dernier, un représentant de la Floride, Tim Mahoney a publiquement envisagé que le prix Nobel de la Paix soit finalement désigné par la Convention démocrate de Denver fin août. Pour ce super délégué, seul Al Gore peut incarner le rôle de candidat du compromis. Il précise que si la convention aboutit sur une impasse, le parti pourrait accepter un « dream ticket » sous la forme Gore-Clinton ou Gore-Obama. Sans exclure de tenter sa chance une nouvelle fois, Al Gore n’a pas répondu à cet appel.

Ce duel démocrate profite au candidat républicain John McCain qui poursuit sa campagne. Après son retour d’un voyage à l’étranger au Proche Orient et en Europe, un deuxième clip vidéo destiné à la télévision est sorti. Le sénateur de l’Arizona est présenté comme « le président américain que les Américains attendent ».

Comme dans le précédent spot Man In The Arena, le message politique insiste sur deux éléments incarnant le candidat : son refus d’abandonner face à l’adversité érigé en valeur américaine, un homme qui a toujours servi l'Amérique comme en témoignent les images de l’ex-vétérant de la guerre du Vietnam épelant son numéro matricule 624787… Son expérience de la guerre justifie sa position sur le maintien des troupes en Irak, conflit souvent comparé à la guerre du Vietnam. Justement blessé au Vietnam, il est conscient des enjeux de sa position de fermeté sur la guerre en Irak qui s’inscrit alors comme un engagement responsable et historique… contrastant avec les querelles partisanes démocrates.

mardi 25 mars 2008

« La race est une question que notre nation ne peut éluder » Barack Obama

La polémique née des propos controversés de l'ex-pasteur, Jeremiah Wright, qui a célébré le mariage de Barack Obama et baptisé ses deux filles, a permis au sénateur de l’Illinois de montrer aux Américains sa stature de futur président des Etats-Unis en prononçant un discours parfois qualifié d’historique.

Ce moment fort de la campagne 2008 s’est déroulé à Philadelphie, une ville hautement symbolique. Le sénateur de l’Illinois a ainsi inscrit son action dans la continuité des Pères fondateurs des Etats-Unis. La Convention de Philadelphie proclama l'indépendance et prépara la Constitution. Elle se référait à une philosophie politique, mélange de foi chrétienne et d'esprit des Lumières. Elle n'en accepta pas moins la poursuite de l'esclavage, qui a été à l'origine de la guerre civile, dite guerre de Sécession, au milieu du XIXe siècle.

Dans un discours prononcé mardi 18 mars 2008, Barack Obama a été contraint d’aborder le thème de la question raciale jusqu’alors évacuer de sa campagne. Par le ton sobre, franc et son charisme habituel, il a su convaincre et remobiliser une partie de son camp.

Tout en récusant les propos de l’ex-pasteur, il ne l’a pas désavoué confirmant ses liens qui l’unissent à un homme qui aurait pu enterrer sa candidature. Le sénateur de l’Illinois a réitéré son discours fédérateur, puisant dans sa propre histoire : « Ma femme est une Noire américaine qui porte en elle le sang d’esclaves et d’esclavagistes… Mon père est un Noir du Kenya et ma mère, une Blanche du Kansas. J’ai été éduqué dans les meilleurs établissements américains et j’ai vécu dans un des pays les plus pauvres. »

Au regard des nombreux défis surmontés par les Américains au cours de leur histoire, Barack Obama réaffirme sa foi en l’Amérique, la terre de tous les espoirs. Il propose une Union dépassant les clivages raciaux, reposant sur « les chemins typiquement américains de promotion sociale ». « Cette Union ne sera peut-être jamais parfaite, mais elle a montré, génération après génération, qu'elle pouvait être perfectionnée ».

Extraits (Traduit de l’anglais par JEAN-FRANÇOIS KLEINER – Libération.fr, samedi 22 mars 2008 ) :

«Tout au long de la première année de cette campagne, contrairement à toutes les prédictions inverses, nous avons vu que le peuple américain était avide de ce message d’unité. Malgré la tentation de regarder ma candidature à travers des lunettes purement raciales, nous avons remporté des victoires déterminantes dans des Etats dont les populations sont parmi les plus blanches de ce pays. En Caroline du Sud, où flotte encore le drapeau confédéré, nous avons bâti une puissante coalition d’Africains-Américains et d’Américains blancs.

Cela ne signifie pas que la race n’a pas été un thème de la campagne. A plusieurs reprises, au cours de celle-ci, certains commentateurs m’ont reproché tantôt d’être "trop noir", tantôt de ne l’être "pas assez". Nous avons vu les tensions raciales faire des remous en surface pendant la semaine précédant la primaire de Caroline du Sud. La presse a scruté tous les sondages pour y trouver des preuves de polarisation raciale, non seulement entre Blancs et Noirs, mais même entre Blancs et basanés. Pourtant, c’est seulement pendant ces deux dernières semaines que la question de la race est devenue un argument de division. D’un côté, on a sous-entendu que ma candidature était un exercice de discrimination positive, uniquement fondée sur le désir des libéraux à large vue d’obtenir une réconciliation raciale à bas prix. De l’autre, on a entendu mon ancien pasteur, le révérend Jeremiah Wright, recourir à un langage incendiaire pour exprimer des vues qui non seulement risquent d’agrandir le fossé racial, mais dénigrent ce qu’il y a de grand et de bon dans notre nation, offensant pareillement les Blancs et les Noirs […].»

«La race est une question que, selon moi, notre nation ne peut pas se permettre d’éluder en ce moment. Nous commettrions la même erreur que le révérend Wright dans ses sermons injurieux sur l’Amérique : simplifier, stéréotyper et amplifier les aspects négatifs jusqu’à déformer la réalité […].

Le révérend Wright et les autres Africains-Américains de sa génération […] ont grandi à la charnière des années 50 et 60, à une époque où la ségrégation était encore la loi du pays et les chances systématiquement restreintes. Il ne s’agit pas de se demander combien d’hommes et de femmes ont échoué à cause de la discrimination, mais plutôt combien ont réussi en dépit des probabilités ; combien ont été capables d’ouvrir la voie à ceux qui, comme moi, sont arrivés après eux. Cependant, tous ceux qui ont pu décrocher, au prix d’énormes efforts, un lambeau du rêve américain, ne sauraient faire oublier les autres, qui n’y sont pas parvenus […] - ceux qui ont fini par être vaincus par la discrimination. Ce legs de la défaite a été transmis aux générations suivantes. […] Pour les hommes et les femmes de la génération du révérend Wright, le souvenir de l’humiliation, du doute et de la peur n’a pas été effacé, pas plus que la colère et l’amertume de ces années […].

En fait, une même colère se retrouve dans certains segments de la communauté blanche. Nombreux sont les Blancs, dans la classe ouvrière et la classe moyenne, qui estiment n’avoir pas été particulièrement favorisés par leur race.

Ils ont vécu ce que vivent les immigrés : pour leur part, on ne leur a rien donné, ils ont dû tout arracher de haute lutte […].

Alors, quand on leur dit d’inscrire leurs enfants dans une école à l’autre bout de la ville, quand ils entendent qu’un Africain-Américain a été pistonné pour obtenir un bon boulot ou une place dans une bonne université au nom d’une injustice dont ils ne sont pas personnellement responsables, quand on leur raconte que leur peur de la criminalité en zone urbaine est un préjugé, le ressentiment finit par s’installer […].»

Robert Kennedy et la question des droits civiques


Photographie montrant le ministre de la Justice Robert F. Kennedy s'adressant avec un mégaphone à une foule d’Afro-américains et de blancs à l'extérieur du Département de la Justice le 14 juin 1963 ; signe pour le Congrès que l'égalité raciale est une évidence. En effet, les droits des Noirs américains, établis après la guerre de Sécession, en 1866, par le 13e amendement abolissant l’esclavage et le 14e amendement donnant l’accès à la citoyenneté aux Noirs, ne sont pas respectés dans les Etats du Sud.

Elu en 1960, John F. Kennedy est personnellement favorable à la déségrégation. Lui et son frère Robert, alors ministre de la Justice, interviennent fermement en faveur des droits civiques – surtout Robert qui a convaincu son frère que ceux-ci doivent constituer une priorité du mandat présidentiel. Cependant, les lois civiques seront votées sous la présidence de Lyndon Johnson. En 1964, le Civil Rights Act interdit toutes discrimination et ségrégation dans les lieux publics ; en 1965, le Voting Rights Act suspend les clauses restrictives sur le droit de vote. Les Noirs deviennent des citoyens américains à part entière.

Bobby, un film d'Emilio Estevez (2006)

Plus d'infos sur ce film

Le phénomène Obama s’enracine dans l’histoire politique et culturelle des Etats-Unis. Le film très humain d’Emilio Estevez nous replonge dans les primaires de 1968. 22 destins. 1 des événements les plus tragiques de l’histoire des Etats-Unis : l’assassinat de RFK à l’Hôtel Ambassador de Los Angeles dans la nuit du 4 au 5 juin 1968. 40 ans après sa mort, l’ombre de Robert Kennedy plane sur les primaires actuelles. Un film à découvrir (ou à revoir) absolument pour mieux comprendre la ferveur qui accompagne la campagne du sénateur de l’Illinois dans la course à la présidence de 2008.

dimanche 16 mars 2008

Quelle est la différence entre Hillary Clinton et Barack Obama ?

Quelle est la différence entre les démocrates Hillary Clinton et Barack Obama ?

La réponse du camp Obama est claire. Le sénateur de l’Illinois se présente aux élections pour servir l'Amérique et les Américains, alors que l’ancienne First Lady mène campagne au nom de ses ambitions personnelles.