samedi 9 octobre 2010

L'autre visage de la guerre du Vietnam : combats et musique dans l'Amérique des Sixties (4/4)

Pour la première fois durant la Guerre froide aux Etats-Unis, on assiste à une nouvelle attitude vis-à-vis de la guerre et à un manque de foi dans les objectifs. D’ailleurs, beaucoup de GIs enrôlés dans cette guerre ont des doutes, ne comprennent pas leur gouvernement et ne font plus confiance à l’Oncle Sam. Ces doutes sont amplifiés et portés par le mouvement hippie.

La guerre du Vietnam devient une guerre de modèles sociétaux, l’un porté par l’etablishment, s’articulant autour du libéralisme politique et économique, du développement de la société de consommation, l’autre par une génération née après la Seconde Guerre mondiale, fondé sur la contre-culture. Dans cette confrontation, la chanson a joué un rôle central, structurant les camps. Elle a été un acteur galvanisateur et dénonciateur efficace, car la musique donne davantage de vigueur au message. La musique des Beach Boys, au style léger de la surf music ayant évolué vers un son pop music d’envergure, détonne avec celle de Joan Baez ou de Jimy Hendrix, contestataire et progressivement plus dure musicalement.

La guerre du Vietnam terminée, la contre-culture a évolué vers l’heavy metal du moment où la culture dominante a embrassé la contre-culture au début des années 1970. Mais la convergence entre culture et protestation a engendré un lourd héritage qui subsiste aujourd’hui. Il se traduit par la dimension contestataire de la scène rock qui continue de marquer la vie politique américaine.

Toute l’Amérique n’a pas manifestée contre la guerre au Vietnam et toute la culture américaine n’a pas été envahie par cette culture de la protestation, comme l’illustre le maintien de la country music qui conserve sa place dominante. Une réaction conservatrice a commencé. Elle s’exprime politiquement à travers la classe ouvrière des hard-hat s’opposant à la classe moyenne des étudiants contestataires de la guerre du Vietnam.[1] Les dissensions des Sixties résonnent encore aujourd’hui.



[1] Steve Schifferes, « Vietnam : the music protest », BBC News, 1 mai 2005 http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/4498011.stm

Aucun commentaire: